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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Plaisir présent, nostalgie d'une date                     Plaisir présent, nostalgie d'une date
Sources (*) : Derrida, plaisir, jouissance               Derrida, plaisir, jouissance
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, pp87-88

 

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"Je suis mort", "ma mort", signature de l'aporie

La jouissance est d'avance le passé d'elle-même : plus vite je fuis la mort, plus vite, au-delà de la vitesse, une vitesse absolue, infinie, me gagne de vitesse

"Je suis mort", "ma mort", signature de l'aporie
   
   
   
               
                       

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Il y a, dans l'analyse derridienne du plaisir telle qu'elle est présentée dans le volume II du séminaire sur La bête et le souverain (18 décembre 2002), une course de vitesse. D'un côté la vie est toujours trop courte, elle est déjà presque passée. Pour vivre encore autre chose, aujourd'hui ou demain, il faut aller vite, ne pas perdre de temps. Mais d'un autre côté, cet autre chose (si c'est un plaisir) est aussi la revenance d'un événement qui m'aura déjà dans le passé (ou le souvenir), procuré du plaisir. Tout plaisir se présente comme la réitération d'un premier frayage qui aura laissé une trace comme plaisir. Je marche dans cette direction, je fais un pas. Si cette trace ne revient pas ou si je ne la reconnais pas, ou si je n'arrive pas à me la réapproprier, alors adieu le plaisir : le pas vers la jouissance se transforme en pas de jouissance.

L'incertitude m'oblige à la hâte : toujours plus de vitesse, de précipitation. Je sais que je cours vers la mort, mais il faut que j'y arrive avant la mort. Je n'y suis pas encore, mais j'en ai déjà la nostalgie. Cette nostalgie déjà là empêche tout calcul, elle me livre à l'incalculable, l'incommensurable. C'est ce qui, selon Derrida, arrive au-delà de la vitesse. Qu'y a-t-il au-delà de la vitesse ? Dans la langue courante, on parle parfois de petite mort pour nommer la jouissance. La jouissance est comme la mort, mais elle n'est pas la mort. Dans la logique de précipitation explicitée par Derrida, la jouissance attachée à la trace ne peut advenir, car la trace, en définitive, ne revient pas. La jouissance est déjà endettée, en échec.

Le pas au-delà de la vitesse serait le pas (impossible) au-delà de la dette - mais il n'y a de plaisir qu'endetté. La mort a déjà "gagné la course, plus vite que la vitesse même, ce qui naît naît comme mort-né. Mes plaisirs sont mort-nés". C'est ce "pas de plaisir" ambigu, ambivalent, qui explique la frayeur de Robinson Crusoé quand il découvre une trace de pas. Et si c'était le pas d'un sauvage, d'un cannibale ? Cela pourrait le conduire à la mort, et même s'il ne mourait pas, le plaisir serait altéré. La vitesse au-delà de la vitesse, c'est l'abandon de la croyance en un plaisir souverain. Le plaisir vient toujours de l'autre.

Nostos : il retorno (Franco Piavoli, 1989).

 

 

Citation : "Au moment d'une rencontre qui ne se fait jamais attendre, on ne sait pas qui sera, qui aura été, hier, arrivé le premier ou la première, plus vite en tout cas que la vie, une vie que ce double mouvement accéléré gagne de vitesse, gagnant ainsi le temps de vitesse, gagnant même la vitesse de vitesse, vitesse au-delà de la vitesse, vitesse emportant la vitesse, allant plus vite que le temps et que la vitesse même, gagnant le temps de vitesse, si vite que ce que je vis au présent, voire ce que j'attends de l'avenir, est déjà passé, déjà mémoire ou mélancolie, ou nostalgie (Heimweh). Voilà ce que voudrait dire, chaque fois que je le dis : la vie aura été si courte. Précipitation ou accélération incalculable, incommensurable, en avance sur elle-même - et gagnant le temps de vitesse" (Sem 2002, p87).

Plus vite, par la recherche du plaisir, je fuis la mort, plus vite je m'en approche. Je ne peux accéder au plaisir que parce que, dans son essence, il est originairement d'hier, "non seulement à la manière d'hier, mais en tant qu'hier". Dans cette analyse derridienne, le plaisir ne nait que du deuil. Seule ma mort me laisse jouir, elle seule me laisse prendre du plaisir. Dire qu'"elle me gagne de vitesse", c'est dire que cette course de vitesse me dépasse, elle échappe à mon contrôle.

Citation : "Peut-être que cette course à la mort, cette course à mort de la mort, cet essoufflement, cet être-en-course à toute vitesse, à une vitesse qui est toute-puissante et indifférente, sans différentiel de vitesse, cette vitesse absolue, cette vitesse au-delà de la vitesse, cette vitesse qui est le tout, en tant que vitesse infinie qui se prend elle-même de vitesse et se double, se passe (...), cette vitesse qui se passe elle-même, cette course à toute vitesse, cette course de la mort à la mort, cette course à mort ne fait pas seulement que mes plaisirs présents me sont présentement et d'avance dérobés, passés, déjà révolus dans leur présent même, déjà datés d'hier dans leur présent et leur ici-maintenant. Non, il faudrait dire (...) que le plaisir est originairement hier, il est dans son essence et dans l'essence de sa présence un ayant été hier" (Sem 2002 pp88-89).

 


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