Dans ce qu'on appelle hédonisme, on recherche moins le plaisir ou le désir que l'évitement de la douleur; on vise moins le bonheur que l'exclusion de la souffrance ou de la peur. La croyance chrétienne dans le caractère sacré de la vie a survécu à toutes les laïcisations. Plus puissant encore que l'individualisme ou le culte sacré de l'égoïsme est cette norme suprême (le principe de vie) à laquelle on mesure tout : intérêts de l'individu, perpétuation de l'espèce.

Avec le déclin de la foi, la vie individuelle est redevenue mortelle. Le monde étant moins stable, moins durable, moins sûr, l'homme a été rejeté vers lui-même. Il s'est enfermé dans l'introspection, la vacuité des processus mentaux, des calculs et des jeux solitaires de l'esprit. Que lui reste-il? Les impulsions de son corps, ses passions, sa reproduction individuelle ou familiale et celle de la société.

Il n'a besoin ni de contemplation, ni de pensée [en tant que la pensée est susceptible de produire du nouveau]. Il lui suffit de travailler et de consommer, de se laisser tranquilliser, d'adapter son comportement aux exigences sociales.