Au 20ème siècle, une crise d'autorité a accompagné le développement du monde moderne. Elle était manifeste dès le début du siècle. Sur le plan politique, le système des partis avait perdu son prestige, l'autorité du gouvernement n'était plus reconnue. Dans le domaine de l'éducation, les modèles traditionnels avaient perdu leur crédibilité. On tentait de les remplacer par d'autres pédagogies, qui n'ont pas donné de meilleurs résultats. Ce phénomène ne s'explique pas par un recul de la contrainte ou de la persuasion. Il correspond à une situation où tous les modèles de relations autoritaires traditionnels sont contestés, y compris les rapports pré-politiques entre adultes et enfants, les normes de la foi et l'utilisation du langage.

Pour comprendre cette évolution, il faut revenir aux origines romaines de l'"auctoritas", qui reposait sur un respect quasi absolu des Anciens et des fondateurs. L'Eglise l'a reprise à son compte, mais l'a peu à peu édulcorée par ses recours à la contrainte et à la peur (le purgatoire et l'enfer). Le système des récompenses et des châtiments, justifié par des raisons politiques, a ensuite été repris par les révolutionnaires américains et français, qui espéraient par là assurer la stabilité de leurs régimes, mais n'ont abouti qu'à ébranler un peu plus l'idée même de fondation, indispensable à la trinité romaine. C'est ce processus qui conduit à la situation moderne où l'autorité a été complètement oubliée, entraînant avec elle la liberté.

Il est devenu presque impossible aujourd'hui de s'appuyer sur quelque fondement commun. En s'affranchissant de l'autorité des adultes, les jeunes tombent dans d'autres dépendances dont il ne peuvent plus s'émanciper. Chacun se considère comme un nouveau commencement; il croit pouvoir inventer sa langue, sa terminologie, à tel point que, pour certains mots, on n'arrive même plus à s'accorder sur un sens commun.

Avec son organisation en oignon qui repose essentiellement sur la ruse et la force, le totalitarisme s'est révélé au 20ème siècle le mieux armé pour tirer parti de ce phénomène.

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Propositions

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