Peut-on distinguer une couleur métaphysique d'une couleur expressive? Toutes deux ont partie liée avec l'indicible. Elles vibrent comme la voix - une voix inaudible, jouant de l'ambiguité, absente ou présente dans le même mouvement, créative, effrayante ou rassurante, immanente ou mystique. La couleur peut accentuer les traits de la figure humaine ou au contraire les nier, les détourner ou les décaler - comme elle nie, en général, le trait et la ligne. Elle déclenche l'émotion et produit l'extase. Pour elle, la nature n'est pas réelle, objective, mais une création mouvante, qui varie en fonction de l'heure, du climat, et de la perception qu'on en a.

Il n'est pas étonnant que toutes sortes de mystiques s'en soient emparés, ni que des peintres juifs s'en soient servi pour contourner la question de la figure. Rothko, Pollock, Olitski, Soutine.... Chacun peut être qualifié, à sa façon, de maître de la couleur, et chacun a été confronté, à sa façon, à l'unique indicible. Certes il y a d'autres maîtres de la couleur comme le Derain fauve (qui deviendra plus tard antisémite), ou Nolde (qui a su préserver sa peinture de sa compromission avec les nazis), ou encore Mondrian ou Kandinsky - le théosophe et l'orthodoxe. Mais chez eux, l'idée que la couleur puisse toucher à l'indicible n'est pas un but en soi.

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Propositions

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