Paul Mathias cite Lawrence Lessig [Code and other laws of cyberspace (1999, Basic Books)]. Les protocoles retenus dans l'Internet fonctionnent comme la loi endogène du Réseau. Ils ne sont, en pratique, soumis à aucune loi, mais dépendent des intentions et des choix politico-éthiques implicites de leurs auteurs. Les Etats démocratiques ont peu d'influence sur eux par le biais de décisions politiques et administratives. Pour avoir un impact, il faut intervenir sur le code lui-même.

De nombreuses pratiques préjudiciables, illicites ou criminelles (piraterie, pédophilie, terrorisme,...) ne peuvent pas être réprimées car la répression se heurte à l'éparpillement du Réseau. Les Etats sont impuissants à quadriller ou filtrer efficacement ces pratiques réticulaires. C'est pourquoi la réflexion juridique sur le Réseau doit se développer sur un double registre : d'une part le langage usuel du Droit (la loi souveraine); d'autre part un langage qui se superpose au sien propre dans une autre grammaire et une autre syntaxe, celui du code. La loi doit assimiler une rhétorique qui appartient à l'ingéniérie informatique. Elle doit partir de la diversité et de la saturation règlementaire qui règnent sur le Réseau pour établir des procédures efficientes.