Derrida
Scripteur
Mode d'emploi
 
         
           
Lire Derrida, L'Œuvre à venir, suivre sur Facebook Le cinéma en déconstruction, suivre sur Facebook

 

TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 
   
Les mots de l'Orlœuvre                     Les mots de l'Orlœuvre
Sources (*) : Le récit de l'Orloeuvre               Le récit de l'Orloeuvre
Pierre Delain - "Pour une œuvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 2 juillet 1997 Pour plus d'une déconstruction à venir

[Sur les dé-nominations de l'oeuvre]

Pour plus d'une déconstruction à venir
   
   
   
                 
                       

Pour l'acquérir, cliquez

sur le livre

 

On ne sait plus qui a inventé ces mots, ou plutôt, on peut faire une hypothèse, qui en vaut bien une autre : ce n'est pas quelqu'un, ni un individu, ni un personnage, ni une personne, ni un sujet, ce sont les œuvres mêmes. Les œuvres inventent tous les mots, y compris ceux qui n'entrent pas dans leur composition.

 

ŒUVRAGE - Le suffixe "age" a pour étymologie le latin -atĭcus ou -atĭcum. Il a connu, en latin populaire, un formidable succès. Par lui viaticum a donné voyage, salvaticus a donné sauvage, umbraticus a donné ombrage, etc... Quelle est l'opération produite par ce suffixe? Il s'agit de désigner soit une action, soit le sujet, l'objet, le résultat ou le lieu de l'action. Les exemples sont innombrables. En voici, en vrac, une liste : assemblage, débouchage, matraquage, décrochage, feuillage, outillage, esclavage, marécage, paysage, évidage, abattage, achalandage, désimlockage, pliage, etc..., et aussi, pour les besoins orloviens, œuvrage. L'œuvrage se distingue de l'ouvrage car le mot ne désigne pas la production d'un objet ouvragé, mais l'acte d'œuvrer comme tel. Cet acte n'est pas gratuit. On en attend un certain effet, un produit, en fonction de critères établis et d'intérêts déterminés. Quand on œuvre pour produire un objet de valeur, ou dans l'espoir d'une reconnaissance ou d'une position sociales, quand on travaille pour un gain, un plaisir, une joie, alors il s'agit d'une activité économique, d'un œuvrage.

 

ŒUVREMENT - De même que l'espacement est un mouvement singulier qui produit de l'espace en fabriquant du vide dans l'espace, les œuvrements ne s'imposent que par l'arrivée du hors-champ, du hors-bord. Dépourvus de lieu particulier, ils sont insituables et immaîtrisables. Il ne faut pas croire la pensée convenue qui prétend qu'on les croise préférentiellement dans le champ de l'art, car s'ils sont nommés, c'est toujours d'un autre nom. En général, ils restent innommés, sans pour autant passer inaperçus car ils provoquent joies ou regrets, jouissances ou terreurs. Comme le disait Colette Jeudon en les quaifiant d'archi-oeuvres, jamais ils n'apparaissent comme tels - il a fallu un immense effort pour faire émerger ceux du Cercle. Il serait peu convenable d'en parler (voir ci-après l'œuvrologie). Pour les mentionner, on est quasiment obligé d'en passer par d'autres œuvrements, qui peut-être ne diront rien à personne.

 

ŒUVRANCE - Il se pourrait que cette aventure ne soit rien d'autre qu'un manifeste pour une œuvrance à venir. J'emploie ce mot, manifeste, malgré ses connotations politiciennes, manipulatrices, présentistes, voire métaphysiques (car un manifeste fait toujours croire, honteusement, à l'être de ce qu'il prétend manifester). Je l'emploie car il renvoie à d'autres manifestes : le surréaliste, le communiste, le futuriste, etc..., avec lesquels il est presque toujours en désaccord pour ne pas dire en discordance. Mais cela justifie l'emploi de ce mot car la discordance, après tout, est aussi un rapport. Or un manifeste, comme une œuvrance, fait quelque chose. Il est performatif. Il entraîne dans un irrésistible mouvement de déconstruction.

 

DESŒUVREMENT - Non, le désœuvrement ne contredit pas l'œuvrement, au contraire, ils sont indissociables. L'acte de l'œuvre, ce qui fait d'elle une œuvre, c'est justement cela : son désœuvrement. Une œuvre qui devrait œuvrer (au sens laborieux du travail) pour rester une œuvre, elle n'en serait plus une. L'œuvre qui œuvre ne peut œuvrer que par désœuvrement.

 

ŒUVROLOGIE - Ce qu'on appelle ici œuvrologie doit être rapproché d'un autre mot, théologie, à condition de la supposer négative. L'œuvrologie n'est ni une science, ni un savoir, car elle se caractérise par l'impossibilité de parler de ce dont on parle. En somme, de l'œuvre considérée sous l'angle de l'œuvrologie, on ne peut rien dire, ni avec les mots de tous les jours, ni même avec des mots savants, spécialisés, et pourtant il faut en parler. Il s'agit dans cette affaire de rendre compte d'une contradiction insoluble (ce qu'on appelle en termes plus recherches une aporie).

 

ARCHI-ŒUVRE -

 

ŒUVRE Á VENIR -

 

L'ORLŒUVRE -

 

LES ORLOVIENS - On ne sait pas comment ils sont tombés dans cette histoire. Il n'y avait à cela aucune raison, aucune cause précise.

 

LES IDVIENS - On peut considérer la dimension idvienne comme une extension de l'œuvrologie. Quand se creuse de plus en plus le retrait, quand on en arrive au bord du vide, alors c'est sur le quai de l'Idve qu'il faut habiter. Habiter, j'emploie ce mot au sens fort. Il ne s'agit pas de passer, ou de se promener, il s'agit d'un lieu où l'on puisse demeurer.

 

LES GUILGALIENS - Là où s'écrit l'Orloeuvre (Guilgal), ce n'est pas le lieu où ils sont.

--------------

Propositions

--------------

-

[L'acte de l'oeuvre, son oeuvrement, ne se distingue pas d'un désoeuvrement]

-

[(CinéAnalyse) : En affirmant l'oeuvre inconditionnellement, en-dehors de tout calcul, de toute finalité et de toute transaction]

-

[Dans toute oeuvre "digne de ce nom", un mouvement est à l'oeuvre : l'"archi-oeuvre"]

Etant donné que les Orloviens finissaient toujours par revenir au Cercle après s'en être écartés, on avait fini par envisager l'existence d'une force de gravitation. Sa présence, ses conséquences, sa façon d'être et de non-être, on ne savait trop comment les qualifier, mais on en parlait. S'il y avait gravitation, il fallait bien qu'il y ait eu quelque lieu de convergence, même si l'on était incapable de donner à ce lieu une figure concrète. Bien que chacun en ait une interprétation personnelle, il était reconnu que ce lieu (ou ces lieux), aussi incomparables fussent-ils, occupaient la place de l'élement commun du Cercle (commun mais ni uniforme, ni homogène). Elément commun, mais pas identique; élément partagé, mais diffracté; élément désigné par un nom unique, mais fragmentaire et discordant.

Pour certains, comme Stéphane, cette description était largement suffisante, et il était inutile ou imprudent d'aller plus loin. Mais d'autres, comme Melissa, prétendaient que si l'on n'allait pas plus loin, si l'on en restait à ce degré d'approximation, le double et multiple lieu risquait de se transformer en lieu d'angoisse, ce qui conduirait fatalement à une explosion. L'usage de ce mot, "angoisse”, arrangeait beaucoup de monde car il permettait de rattacher l'activité indéfinissable du Cercle à quelques théories rassurantes, par exemple la psychanalyse. "Nous sommes victimes d'une colossale névrose d'angoisse”, disait Max, "et nous avons la plus mauvais des places, celle du symptôme”.

Bien sûr, il y avait aussi ceux qui rejetaient catégoriquement le principe même du lieu, car il s'agissait d'une métaphore spatiale nécessairement inadéquate, pour un phénomène irréductible à quelque surface que ce soit.

Danel écoutait ces débats sans trop d'attention. Pour lui, peu importait l'existence ou non d'un lieu de gravité, du moment que ça marchait. S'il y avait un tel lieu, il ne pouvait avoir, selon lui, que la forme d'un pas. Dans son errance, il s'était tellement laissé porter par ses propres pas, dans leur extrême diversité, sans jamais avoir pensé à les décrire, il avait si souvent buté sur eux comme sur un passé qui ne passe pas, comme sur une densité qui vous échappe parce que trop lourde, excessive, trop branchée sur l'inconnu avec lequel elle, elle communique, mais pas nous, il avait si souvent concentré sa vision sur ce qui lui permettait d'oublier la multiplicité de ces pas, que son appartenance au Cercle pouvait s'y ancrer sans la moindre difficulté. Mais alors le Cercle ne pouvait pas être un Cercle, et alors quoi? Un pas-de-cercle. Il fallait que le "pas" flotte entre le substantif et l'adverbe.

Cependant Danel ne bougeait pas, il se cachait. Pourquoi avait-il si peur que Bertille le reconnaisse?

 


Recherche dans les pages indexées d'Idixa par Google
   
 
 

 

 

   
 
     
 
                               
Création : Guilgal

 

 
Idixa

Marque déposée

INPI 07 3 547 007

 

Delain
MotsOrloeuvre

AA.BBB

PGFParcours

QD.WDE

DeconsAVenir

GM.KKJ

DM_MotsOrloeuvre

Rang = YI
Genre = MK - NG