Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
"Mourir vivant", un fantasme et plus                     "Mourir vivant", un fantasme et plus
Sources (*) : "Die Welt ist fort", Celan - Derrida 2002               "Die Welt ist fort", Celan - Derrida 2002
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, p31

 

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f

Derrida, singularité(s)

Dire "Je suis seul(e)", ou "Il y a du sans-monde", c'est prendre acte de la singularité / déconstructibilité de chaque monde, du monde de chacun

Derrida, singularité(s)
   
   
   
Derrida, communauté Derrida, communauté
Derrida, l'apocalypse               Derrida, l'apocalypse  
                       

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Je suis seul(e) est la phrase qui commence la seconde année du séminaire de Jacques Derrida, La bête et le souverain (2002-2003). Cette phrase peut renvoyer à une solitude courante, psychologique (la solitude peut rendre triste ou heureux, on peut la déplorer ou l'accueillir avec joie), mais ce n'est pas cela qui l'intéresse. "Le rapport du monde à la solitude sera notre sujet cette année", écrit-il (p21). Il s'agit d'une solitude absolue, exceptionnelle, celle du sans-monde. Déclarer ou affirmer Je suis absolument seul, sans aucun lien d'aucune sorte, sans aucune attache, ce pourrait être la position du souverain qui est aussi unique, indivisible. Si l'on complète cette expression en disant Je suis seul(e) avec toi, le paradoxe est plus saisissant. Comment peut-il y avoir rapport à l'autre dans un non-rapport? L'autre formule proposée, Je suis seul(e) au monde, suppose une absence de contexte, une situation dans laquelle le "je" n'a rien d'autre devant soi que la mort, comme le dit Robinson Crusoé en arrivant dans l'île du désespoir (cf image ci-contre). Robinson a peur, il craint d'être dévoré par les bêtes sauvages, mais dès la scène suivante il voit l'épave du navire qui lui reconstitue un monde.

Selon Heidegger dans Les Concepts fondamentaux de la métaphysique, Monde, Finitude, Solitude (cours professé en 1929-30), la pierre n'a pas de monde, l'animal est pauvre en monde, l'homme est configurateur de monde. A cette assertion, Derrida oppose une autre phrase : Les bêtes ne sont pas seules (p26). Elles ne sont pas seules car d'une part elles aussi ont un monde (à la fois différent de celui de l'humain et partagé avec lui), et d'autre part chaque individu (humain ou animal) est unique, il habite un monde singulier, une île, comme Robinson.

Robinson Crusoé débarquant sur son île (film de Luis Bunuel, 1954).

 

 

Citant pour la première fois dans ce séminaire, le 11 décembre 2002, le vers de Paul Celan Die Welt ist fort, ich muss dich tragen, Derrida propose de l'interpréter à partir du singulier. Il n'y a pas de monde "pour nous soutenir et nous fonder tous les deux comme un sol", dit-il (p31), pas de monde commun, et donc la seule façon d'entrer en relation avec l'autre, le toi, c'est de le porter, de te porter, toi cet autre, dans ce monde (le mien). Puisque notre monde commun s'en est allé, chacun(e) est seul(e) pour porter l'autre. On est toujours dans la situation du deuil. L'autre étant perdu, je dois le porter. Ainsi seulement le non-monde n'est-il pas l'absence de monde ni l'immonde, mais le lieu d'une cohabitation des vivants finis.

Nul ne peut habiter dans une île absolue, dépourvue d'autre monde que le sien. Même la déconstruction la plus extrême, celle qu'on accuse de nihilisme, ne pourrait pas être une telle île (p43) - car il y a toujours d'autres vivants (d'autres mondes). Et pourtant Derrida prend au sérieux la phrase de Celan : Die Welt ist fort. Ce monde qui est perdu, éloigné, exige le second membre de phrase : Ich muss dich tragen. Dès que le monde se défait, menace de s'anéantir, alors il faut porter l'autre, on n'a pas le choix, on refait un monde, on restaure une éthique. Le vers de Celan, c'est l'irrecevabilité du sans-monde.

 


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