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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'animal                     Derrida, l'animal
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "L'animal que donc je suis", Ed : Galilée, 2006, p65

 

Chimere (350-340 BC) -

Au singulier général "Animal", il faut substituer l'animot, cette chimère, cet hybride monstrueux, cette irréductible multiplicité vivante de mortels

   
   
   
               
                       

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Quand on parle de l'animal en général, (l'Animal) de quoi parle-t-on? Employé au singulier, ce mot désigne tous les animaux par opposition à l'homme. Il suppose une limite, une frontière indivisible et stable entre ce qu'on appelle les hommes et ce qu'on appelle les animaux. Selon Derrida, il n'y a pas plus grande bêtise. Pourtant aucun grand philosophe (de Platon à Heidegger à Lévinas et Lacan) n'a abordé philosophiquement cette question. Ils acceptent tous cette notion générale, indifférenciée, neutralisée, d'Animal. Sur cette croyance métaphysique en un seul ensemble homogène qui regrouperait toutes les sortes d'"animaux", il y a consensus. Tous tiennent à garantir un "propre de l'homme" dont l'Animal serait le corrélat, sans tenir compte de l'hétérogénéité de ce qui est désigné sous ce nom. De quel droit?

Ecce animot dit Derrida (paraphrasant la formule christique, Ecce homo) : "Voici l'animot". Voici cette pluralité qui n'est ni une espèce, ni un genre, ni un individu, mais un mot qui semble contredire les règles grammaticales de la langue française. Le mot est hétérogène, chimérique, comme cet animal monstrueux, Khimaira, si indomptable que Bellérophon a dû le tuer. Avec ce mot, animot, Jacques Derrida choisit une position inverse de celle de Bellérophon : plutôt que de dresser l'animal, de l'apprivoiser (comme Pégase dans la fable grecque), il l'accueille, le libère en lui (pas l'animal réel, le mot). Dire "Je suis" l'animal, c'est le suivre dans sa multiplicité. C'est s'ouvrir à la chose comme telle, dans son être - et non pas seulement sous l'angle de sa privation (de langage, de raison).

Il ne s'agit pas, pour Derrida, de renoncer à la limite entre l'homme et l'animal (ce qui serait une seconde bêtise, aussi grande que l'autre), mais de reconnaître son immense multiplicité (limitrophie). Confondre tous les vivants dans la seule catégorie de l'animal est un crime, car cela implique que le commandement "Tu ne tueras point" ne s'applique qu'à l'homme.

Médaillon d'une mosaïque romaine découverte à Autun en 1830, représentant Bellérophon, monté sur Pégase, tuant la chimère.

 

 

Bellérophon (de βέλος (projectile, javelot, flèche, dard), et φοντης (tueur)) est le petit-fils de Sisyphe. Il est aussi le fils de Glaucos (roi de Corinthe) ou (selon les rumeurs) du dieu de la mer Poséidon (qui aurait frayé avec sa mère Eurynomé, une mortelle). Nommé à la naissance Hipponoos, il doit son nom au meurtre involontaire de son frère Déliadès ou d'un certain Belléros, qui l'oblige à s'expatrier à Tirynthe, chez le roi Proétos (ou Praetos), qui le purifie de son crime. C'est un homme beau, vigoureux, mais dont la pudeur est extrême. Il ne supporte pas le désir féminin. Or justement, la femme du roi Proétos, Antéia (ou Sténébée), est amoureuse de lui. Il rejette ses avances, elle veut se venger, elle le dénonce au roi qui décide de le faire tuer par Xanthos (ou Iobatès), roi de Lycie (le père d'Antéia) (car Proétos craignait les Erynies). Bellérophon arrive donc en Lycie porteur d'une tablette scellée qui demande de le faire périr. Iobatès l'accueille avec hospitalité. Au bout de neuf jours, il lui ordonne d'aller tuer Chimère (Khimaira, née de Typhon et d'Echidna), un monstre femelle qui faisait des ravages dans la région - tâche supposée impossible. Chimère était lion par devant (la tête et la poitrine), dragon (ou serpent, ou femme perfide) par derrière (la queue), et chèvre (les entrailles) par le milieu. Animal créé par les Dieux, qui crachait des flammes, on la croyait indomptable. Bellérophon consulte un devin qui lui conseille de sacrifier un taureau à Poséidon (car Poséidon est le dompteur des taureaux), et de passer une nuit dans le temple d'Athéna. Dans ce temple, la déesse lui parle de Pégase, le cheval ailé seule créature assez rapide pour lui permettre d'échapper aux flammes de la Chimère. (A noter que Pégase est fils de Poséidon et d'une Gorgone, et donc demi-frère de Bellérophon). Elle lui donne une bride d'or avec laquelle il réussit à apprivoiser Pégase - et même à le faire danser. Grâce au coursier ailé, Bellérophon tue Chimère (il la crible de flèches et lui place un bloc de plomb dans la gueule - Chimère fait fondre le plomb par son propre souffle). Alors Iobatès l'envoie combattre les Solymes (un peuple montagnard) et les Amazones, alliées des Solymes. Il est encore vainqueur. A son retour, le roi organise une embuscade avec sa garde royale. Bellérophon demande à Poséidon d'inonder la plaine. Les guerriers sont éliminés; mais il reste encore les femmes, qui relèvent leur tunique par-dessus leur tête et marchent vers lui. C'est le point faible de Bellérophon. A cette vue, il fait demi-tour et entraîne les vagues avec lui. Le roi Iobatès alors reconnait son innocence. Il lui donne son autre fille Philonoé en mariage, et la moitié de sa domination royale. Sa femme lui donne trois enfants, il peut enfin cultiver les meilleurs domaines.

Bellérophon est la figure du chasseur, celui qui suit et persécute la bête. Il traque et dompte l'animal - cet animal qui est aussi son demi-frère, son frère, un autre lui-même.

L'histoire se termine mal. Emporté par son orgueil, Bellérophon revient à Argos. Il veut se venger d'Antéia. Il fait semblant de succomber à ses charmes, l'emporte sur le dos de Pégase et la précipite dans les flots. Puis il veut voler vers l'Olympe. Mais Zeus envoie un taon qui pique Pégase sous la queue. Bellérophon tombe dans un buisson d'épines, devient aveugle et erre sur la terre jusqu'à sa mort. Cette malédiction touchera aussi ses enfants.

 


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