Derrida
Scripteur
Mode d'emploi
 
         
           
Lire Derrida, L'Œuvre à venir, suivre sur Facebook Le cinéma en déconstruction, suivre sur Facebook

TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
CinéAnalyse : en suppléant l'absence d'origine                     CinéAnalyse : en suppléant l'absence d'origine
Sources (*) :              
Louis Marin - "La parole mangée, et autres essais théologico-politiques", Ed : Klincksieck-Boréal, 1986, pp51-52

 

Esope -

La bête parlante ouvre un écart à l'origine (espacement, retardement, distanciation); la fable qui raconte son histoire fait venir le langage

   
   
   
               
                       

Pour l'acquérir, cliquez

sur le livre

<

 

Cet écart, Louis Marin l'appelle clinamen (selon Lucrèce : une déviation (littéralement une déclinaison) spontanée des atomes par rapport à leur chute verticale dans le vide). Un anuimal qui parle, un corps muet auquel advient le langage, c'est un écart de ce genre, une déviation entre le parler et le manger, entre l'homme et la bête, entre le dévorant et le dévoré. Esope le Phrygien, dans l'histoire telle qu'elle est racontée ci-contre, est au départ un être ambigu accusé d'une faute pour laquelle il doit être puni (il aurait mangé les figues du maître). Un premier écart se produit alors : le maître surseoit à la punition. Ainsi s'ouvre la possibilité du récit. Dans cet entrebaillement, dans ce "tout à coup", un jeu devient possible. Esope, cet être difforme, qu'on suppose incapable d'une réplique verbale, articule un discours. Il ne dit rien, il agit par son corps, au présent : il met ses doigts au fond de la gorge et vomit. C'est son corps qui devient narratif. En ce point d'origine où Esope ne vomit que de l'eau, le sommelier est supposé vomir la figue toute crue, non mâchée. Qu'on retrouve ainsi l'objet tel quel est impossible, invraisemblable dans la réalité, mais pas dans la fable. C'est ainsi que nait la fable (dit Louis Marin) : La Vie d'Esope raconte l'origine de la fable en racontant l'origine du fabulateur (Esope lui-même). La valeur de vérité du récit tient à la production de ce corps-récit capable d'indiquer la vérité. C'est une performance, un performatif : fabulateur et fable adviennent ensemble.

Du coup, Esope est délivré de son défaut de langage. C'est la suite de l'anecdote : après avoir aidé des prêtres de Diane égarés à trouver leur chemin, Esope s'endort, il rêve de la Fortune [clinamen] et son défaut de langage disparaît. Esope est devenu le maître des maîtres, c'est à lui de transmettre son savoir par le discours. Il peut parler, raconter. La bête-esclave est devenue narrateur, fondateur du langage.

 

 

Résumé de la première anecdote racontée par La Fontaine dans La Vie d'Esope, son introduction au Premier Recueil aux Fables choisies (1668) :

Esope, dit le Phrygien, né esclave, avait un corps difforme, un visage laid, à peine humain. et était affligé d'une incapacité à parler correctement. Il avait aussi beaucoup d'esprit, mais personne ne s'en était aperçu. Personne ne pensait qu'il puisse faire autre chose que travailler aux champs. Un jour, un paysan donna à son maître de très belles figues. Le maître chargea son sommelier de lui remettre ces figues pour qu'il les mange après le bain. Mais le sommelier, avec ses amis, mangea les figues et accusa Esope. Pour prouver sa bonne foi, Esope alla chercher de l'eau tiède et enfonça sa main dans sa bouche : il vomit l'eau tiède, sans aucune figue. Il demanda ensuite que le sommelier et son comparse en fassent autant. Ceux-ci alors se trahirent : s'ils enfonçaient profondément leurs mains dans leurs bouches, ils ne pouvaient que vomir les figues.

 


Recherche dans les pages indexées d'Idixa par Google
 
   
 
 

 

 

   
 
     
 
                               
Création : Guilgal

 

 
Idixa

Marque déposée

INPI 07 3 547 007

 

MarinLouis
ArchiOeuvreArchi

MG.LMM

VFableAnimal

Rang = QbeteParole
Genre = MR - IA