La violence armée a deux aspects :

- elle est fondatrice de droit. Il s'agit d'affirmer, par son simple triomphe, la prééminence du droit. Elle n'émet pas de décrets, mais prétend par ce triomphe au statut de droit légitime.

- elle est conservatrice de droit. C'est alors un moyen pour soumettre les citoyens aux lois. En tant que moyen, elle est limitée aux fins visées par le droit, comme pour toute violence légale ou exécutive.

La police est ignoble quand elle ignore les limitations liées à sa fonction de conservation pour s'autoriser les empiètements les plus grossiers, notamment face aux plus vulnérables ou aux personnes auxquelles les lois de protection de l'Etat ne devraient pas s'appliquer. Si l'Etat ne peut plus garantir une limitation des moyens de la police, si la police peut surveiller ou régler la vie des citoyens en-dehors des bornes légales, si elle s'assigne à elle-même de nouvelles fins, alors elle opère comme violence, mais c'est une forme dégénérée de violence, pas une forme créatrice de droit.

Délinquant arrêté avec l'arme du crime. Mexico-City (Augustin Victor Casasola, 1935).