La rupture de la symbiose archaïque entre l'enfant et la mère n'est pas le résultat du sevrage, de la frustration ou d'un sentiment d'abandon, c'est l'effet du langage lui-même, qui détermine un dédoublement de cet objet en :

- un objet externe qui subsiste (la mère réelle), avec lequel des relations d'identification peuvent se produire (l'objet reste extérieur);

- une Imago inconsciente, intériorisée, fantasmée, avec laquelle l'enfant peut développer une relation auto-érotique, de "volupté orgastique" (d'après le vocabulaire de Nicolas Abraham). L'introjection de cette Imago s'accompagne toujours de culpabilité car elle connaît la faute commise envers elle, ce crime de plaisir dont elle est à la fois la victime et l'accusatrice. L'Imago traduit le fait que tout être humain peut être sujet et objet pour lui-même (auto-affection). En installant à l'intérieur de lui une ou plusieurs Imagos, il peut maîtriser l'objet, en jouir, mais aussi transformer en symptomes les conflits inter-imaginaux.

L'Imago introjectée ne doit pas être confondue avec l'objet incorporé. La présence dans le sujet d'une Imago atteste d'un désir, certes répréhensible, innommé, inavouable, mais orienté vers l'objet. L'analyste peut s'appuyer sur ce désir pour tenter de déterrer les "cadavres exquis" (refoulés, incorporés).