Marc Crépon part d'une injonction éthique qui, en principe, s'impose à tous : l'autre est vulnérable, il est mortel, et nous devons entendre son appel. Mais cette injonction ne peut pas être respectée partout et sans limite. De fait, un certain degré de résignation, de négligence ou d'oubli conduit irréductiblement à un consentement qu'on peut qualifier de meurtrier - quand ce n'est pas à une violation pure et simple de ces principes. Devant cette réalité, il faut faire appel à une "éthicosmopolitique" des relations : selon l'éthique dite du "care", prendre en compte le soin, l'attention, le secours qu'exige autrui sans tenir compte d'aucune frontière. Le souci du monde qui en résulte ne peut pas être purement local. Il oblige à tenir compte de l'effacement radical de la responsabilité, de l'irruption du mal et de la cruauté, et aussi des façons de se dégager de cette responsabilité : la révolte, la bonté, la critique, la honte. Résister, réparer, sauver, en préservant la singularité idiomatique de chaque existence; s'interroger sur l'expression "nous, les mortels", sans la restreindre à aucune communauté particulière.

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Propositions

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