Selon Hegel, l'Egypte est la terre de l'art symbolique. Cet art se manifeste entre autres par des constructions colossales comme les tombeaux ou les pyramides. Ces constructions renferment à l'intérieur quelque chose de sacré, un contenu symbolique qui se dérobe à la réalité sensible. Elles sont entourées par des enveloppes matérielles, des formes extérieures produites par l'art. Ces enveloppes expriment une idée en rapport d'analogie avec le contenu.

Les colosses de Memnon sont connus pour une particularité : leur principe interne se situe en-dehors d'eux. Selon des récits qui datent de l'Antiquité, quand les rayons du soleil les touchaient à l'aube, ils produisaient un son. [Hegel croyait que ce phénomène était naturel; il pensait aussi que les Français et des Anglais de son temps l'avaient observé, ce qui était faux]. En quelque sorte, ce son est leur âme, une âme vivante, oraculaire, mais symbolique. Cette âme diffère fondamentalement de l'âme humaine - car celle-ci, comme la voix, vient de l'intérieur.

On offrait des sacrifices à Memnon, fils de l'aurore, lorsque le soleil dardait ses premiers rayons. Rangées à la file, les unes près des autres, on peut considérer ces statues comme des éléments d'architecture.