Peter Sloterdijk associe cet "accompagnant" à diverses notions : le nobjet, l'Avec, le complément originel. Cinquième composante de la bulle humaine, il contribue à prolonger le premier double auquel nous sommes confrontés : le placenta. Il faut une membrane pour accéder au monde. C'est une écluse qui s'ouvre plus ou moins. Elle doit laisser passer une partie du monde pour que le sujet ne se transforme pas en prison, mais elle doit aussi éviter les chocs. Elle contribue à la distinction entre le monde extérieur (extra-symbiotique) et la symbiose entre le sujet et ses autres. En cas d'échec, deux extrêmes sont possibles : l'autisme du jumeau ou l'angoisse pathologique de l'extérieur. En cas de réussite, grâce à des accompagnateurs qui remplissent bien leurs fonctions de membranes, on peut espérer que l'optimum humain sera approché : une extase bien tempérée, une ouverture protégée.

La membrane est un échangeur à deux faces. Elle permet l'émergence du champ subjectif, cette cellule d'intimité où la symbiose s'opère. C'est seulement en volant vers l'Autre intime que le sujet pourra accéder à l'extérieur.