Selon Guy Debord dans la Société du spectacle, "l'image est devenue la forme ultime de réification de la marchandise". La valeur d'échange s'est généralisée au point d'effacer le souvenir même de la valeur d'usage. Les consommateurs ont un appétit illimité pour les pseudo-événements, et pour un monde transformé en pures images de lui-même.

Le passé est présenté comme un spectacle, les anciennes réalités sont transformées en images de télévision, et les générations disparues réduites à un vaste simulacre photographique. Une nostalgie collective tente de restituer la réalité perdue, l'objet perdu du désir. Mais cette addiction à l'image transforme le passé en stéréotypes, en remakes ou pastiches sans profondeur historique. Avec la perte du référent historique, il ne reste plus qu'une "pop histoire" qui abolit tout projet collectif. La pensée d'un changement futur est abandonnée à des images de pure catastrophe ou de cataclysme inexplicable.

Quand les peintres reviennent à la figuration (hyperréalistes ou pas), ils ne prennent pas pour modèle le monde réel mais des photographies. Le "réalisme" de leurs toiles n'est qu'un simulacre du monde.