Les dieux grecs étant analphabètes et indifférents à l'écriture, c'est un héros qui personnifie l'écriture pour les Grecs. Palamède vient de PALAME, la paume, la main qui fabrique, la main inventive et instrumentale. Il est habile aux jeux de paume et apparaît dans les Chants Cypriens comme un rival d'Ulysse. La légende raconte qu'Ulysse l'aurait tué (enrageant de trouver plus rusé que lui). Il sait inventer des expédients et tirer les Grecs d'affaire. Expert en logistique, il invente le jeu de dames, les osselets, l'abécédaire, les poids et mesures. Sa fécondité heuristique intervient quand surgit l'aporie : trouver une solution en cas de crise ou d'impasse. Il utilise les lettres phéniciennes comme des nombres. C'est lui qui a mis en circulation les dés (pour jouer), les jetons et les cailloux de comptes (pour compter). Connaître les lettres, c'est savoir les nombres. Jouer et compter vont ensemble : dans le deux cas, c'est une affaire de logos.

Palamède fait l'éloge de l'écriture. C'est un héros épistolien. Selon lui, par la lettre-missive, on peut faire entendre sa voix à distance, en évitant le mensonge. Le testament peut faire parler les morts. Mais la thèse de Palamède est contredite par sa propre mort : quand il est trahi par Ulysse, c'est par le moyen d'une fausse lettre de Priam.