Toute la difficulté, dans l'Espace du savoir né des réseaux, est de s'orienter, de trouver des repères, de s'organiser et d'organiser ce qui nous organise. Cet espace relève d'une circularité essentielle, originaire, inéluctable. Pierre Lévy et Michel Authier proposent un instrument de navigation interactif, la cinécarte. L'univers informationnel n'y est pas structuré ni normé a priori. Il est mouvant. La cinécarte procède par visualisation. Certaines qualités et évaluations des objets sont indiqués par des signes, des couleurs, des hypertextes, des messageries, des catalogues de ressources, des attributs, des signatures. En utilisant une cinécarte, un groupe se constitue en intellectuel collectif.

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Comment s'y retrouver dans un lieu qui ne propose comme orientation dans le savoir qu'une spatialisation imaginaire? Le concept de cinécarte articulé de cette façon n'est qu'un aveu d'impuissance. L'intellectuel collectif de Pierre Lévy renonce par avance à se confronter à la véritable difficulté : trouver les règles de l'organisation du savoir dans ce qui reste fondamentalement un texte, un écrit. Pour que la connaissance puisse se déposer, se déployer et s'inventer dans le cyberespace, il faudrait que la visualisation soit subordonnée au texte, il faidrait qu'elle prolonge les anciennes traditions d'écriture : une cinécriture plutôt qu'une cinécarte.

Carte établie en 1549, par Oronce Fine.