Comme tout système vivant, le corps communique. Il échange de l'énergie et de l'information. A cela les hommes ont ajouté une panoplie d'artefacts qui stockent, émettent ou transmettent l'information. L'écriture a permis de créer les premières villes, les grands Etats de l'Antiquité, les sciences abstraites et les religions monothéistes. Puis l'imprimerie a contribué au lancement du capitalisme et à la diffusion du savoir. On peut qualifier ces révolutions technologiques de "douces". Peu consommatrices d'énergie, elles sont néguentropiques (elles réduisent l'entropie plutôt que de l'augmenter). Elles manipulent des signes, c'est-à-dire du logos, et se caractérisent par leur souplesse, leur vitesse et leur capacité d'expansion.

Au contraire les révolutions "dures" comme celles qui affectent l'industrie ou les transports sont entropiques. Elles dispersont beaucoup plus d'énergie (selon un facteur 10 puissance 16!)

Les premières ont plus d'influence sur l'individu et la société que les secondes. Elles induisent des changements moins visibles, mais à plus longue portée. La révolution actuelle affecte directement les échanges. Elle redistribue les monnaies, les espaces ruraux et urbains, elle bouleverse les paradigmes des sciences (en favorisant l'algorithme). Alors que la culture ancienne reposait sur la concentration et le stockage, la nouvelle culture déconcentre les objets, les lieux, les idées. Le stockage devient désuet. Nous stockons des relations. Les relations croissent au détriment de la substance. Non-lieu de non-droit qui peut être source d'un nouveau droit. Pas d'adresse ni de frontières.