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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Sur l'"autobiographie", alliance entre vie et mort                     Sur l'"autobiographie", alliance entre vie et mort
Sources (*) : Derrida : "la vie la mort" vs "ma vie ma mort"               Derrida : "la vie la mort" vs "ma vie ma mort"
Jacques Derrida - "Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre", Ed : Galilée, 1984, p48

 

Autoportrait a l'age de 83 ans (Hokuzai, 1842) -

Derrida, l'alliance

Chaque fois qu'un vivant déclare "moi", "je", "je vis", il signe avec lui-même un contrat secret, inouï, il s'ouvre un crédit, une alliance cryptée qui ne peut être honorée que par l'autre

Derrida, l'alliance
   
   
   
Une signature à entendre au bord du corpus Une signature à entendre au bord du corpus
Derrida, Nietzsche               Derrida, Nietzsche  
                       

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C'est l'interprétation que propose Derrida pour la préface de Nietzsche à son autobiographie, Ecce Homo (voir ci-contre). Nietzsche n'est ni un savant, ni un philosophe, ni un biologiste, il met en avant son corps, ses noms, son œuvre. "Cette préface à Ecce Homo (...) est coextensive à tout l'œuvre, si bien que tout l'œuvre préface aussi Ecce Homo et se trouve répété dans ce qu'on nomme, au sens strict, la Préface de quelques pages à l'ouvrage intitulé Ecce Homo" écrit Derrida (pp45-46). [Quand il met le mot œuvre au masculin, c'est qu'il lui accorde une valeur singulière, unique]. L'interprétation derridienne repose sur une petite phrase dont il tire des conséquences majeures : Je vis du seul crédit que je m'accorde. Il s'agit du "je", du porteur du nom (vivant), et non pas du nom, Friedrich Nietzsche, qui comme tout nom est un nom de mort. Avant de sombrer dans la folie, Nietzsche se présente comme un vivant sur le mode du Je suis. La structure du vivant, c'est celle de la fable, qui ne peut être traduite que par les produits de sa propre traduction. Il ne tient pas son identité d'un contrat avec ses contemporains, mais d'un contrat avec lui-même (p47), une alliance à peine concevable, que Derrida qualifie d'inouïe. Par sa signature, son immense paraphe, il s'endette auprès de lui-même, dans l'attente d'une contre-signature d'un autre qui peut-être ne viendra jamais. Cette vie, ma vie, est invérifiable, risquée. Elle dépend d'une alliance qui reste ouverte. Si elle se ferme, si elle est scellée, alors le "je" n'est plus un vivant. L'aporie du "je suis" de la préface à Ecce Homo, c'est que le vivant ne peut vérifier s'il est ce qu'il est que s'il est déjà mort. C'est une sentence, un arrêt qui "ne peut venir au nom du vivant que comme nom du mort" (p49). Nietzsche répond à cette aporie par un récit, une autobiographie, mais cela ne lui donne aucune assurance. "Je vis" dit-il, mais je n'en ai pas la preuve, c'est peut-être un préjugé.

"Que le "je vis" soit garanti par un contrat nominal dont l'échéance suppose la mort de celui qui dit "je vis" au présent; que le rapport d'un philosophe à son "grand nom", c'est-à-dire à ce qui borde un système de sa signature, relève d'une psychologie assez nouvelle pour n'être plus lisible dans le système de ses parties, (...), voilà qui suffirait à pluraliser singulièrement le nom propre et le masque homonymique" (pp52-53).

Le nom de Nietzsche est (au moins) double. Il y a d'une part celui de "ma vie", déjà inaccessible pour Nietzsche lui-même au moment où il écrit, et d'autre part celui ou ceux par lesquels il signe, une signature qui marque l'enterrement de "ma vie", comme il l'écrit dans l'exergue du même texte, Ecce Homo.

Autoportrait à l'âge de 83 ans dans une lettre adressée à un éditeur (Hokuzai, 1842).

 

 

Avant-propos ou préface à Ecce Homo, paragraphe 1 :

"Prévoyant qu'il me faudra sous peu adresser à l'humanité le plus grave défi qu'elle ait jamais reçu, il me paraît indispensable de dire qui je suis. On devrait, à vrai dire, le savoir, car je ne suis pas de ceux qui "n'ont pas laissé de témoignage". Mais la disproportion entre la grandeur de ma tâche et la petitesse de mes contemporains s'est manifestée en ce que l'on ne m'a ni entendu, ni même aperçu. Je vis du seul crédit que je m'accorde. Peut-être même mon existence est-elle un préjugé ?... Il me suffit de parler à n'importe quel homme "cultivé" qui vient, l'été, en Haute-Engadine, pour me convaincre que je n'existe pas... Dans ces conditions il est pour moi un devoir, contre lequel s'insurgent mes habitudes, et, plus encore, la fierté de mes instincts, c'est celui de dire : "Ecoutez-moi, car je suis tel et tel. Mais surtout n'allez pas me prendre pour un autre!" (Nietzsche, Oeuvres Complètes, tome VIII, p239).

[Ecce homo est une autobiographie à la fois parodique et philosophique de Friedrich Nietzsche. C'est aussi le dernier ouvrage original, quelques mois avant la période de démence de ses dernières années de vie (janvier 1889). Rédigé en trois semaines, entre le 15 octobre 1988, jour de ses 44 ans, et le 4 novembre 1988, il fut publié à titre posthume en 1908].

La logique de l'alliance, de l'anneau, c'est que pour dire "Je vis", il faut s'identifier à un nom qui a déjà perdu et son unité et sa présence. Le nom de Nietzsche dans la bouche de Nietzsche est déjà pluriel, c'est déjà celui d'un mort auquel le vivant doit faire crédit, avec lequel le vivant doit faire alliance. C'est la fonction de l'autobiographie chez Nietzsche : le porteur du nom [vivant] cherche dans le nom [mort] une preuve de vie. Il déclare son identité mais reste inquiet, car le nom propre ne lui procure aucune assurance. Ne croyant pas à l'idéalisation des philosophes, il lui faut trouver une autre justification, dans son corps, sa santé, ses maladies, sa généalogie, à ce grand nom revendiqué que seul un autre, un lecteur, un interprète, peut honorer - au risque de le prendre pour un autre.

 


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