Derrida
Scripteur
Mode d'emploi
 
         
           
Lire Derrida, L'Œuvre à venir, suivre sur Facebook Le cinéma en déconstruction, suivre sur Facebook

TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
La démocratie à venir, au - delà du politique                     La démocratie à venir, au - delà du politique
Sources (*) : Derrida, le politique               Derrida, le politique
Jacques Derrida - "Voyous - deux essais sur la raison", Ed : Galilée, 2003, pp74-75

 

- -

Derrida, liberté, libertés

L'antinomie au coeur du démocratique n'oppose pas liberté et égalité, mais deux espèces de liberté ou d'égalité : calculable (déterminable) et incalculable (inconditionnelle)

Derrida, liberté, libertés
   
   
   
Et il faut préférer l'incalculable, l'anéconomique Et il faut préférer l'incalculable, l'anéconomique
               
                       

Pour l'acquérir, cliquez

sur le livre

 

Jacques Derrida lit, en 2002, le livre de Jean-Luc Nancy, L'expérience de la liberté (1988) (voir ici). Il ne semble pas qu'il ait commenté ce livre auparavant. Il choisit en tous cas de focaliser son analyse sur un extrait où Nancy parle de ce qui "jusqu'ici", a toujours manqué à la philosophie de la démocratie. Quoi? "Une pensée de la liberté qui n'est pas acquise, qui se prend elle-même dans l'acte de son commencement et de son re-commencement". Une telle pensée (dixit Nancy) pourrait signifier "un déplacement général du "politique" dont nous avons ici provisoirement mobilisé le nom : peut-être une libération du politique lui-même" (pp105-106 du livre de Nancy).

Jusqu'ici, on peut penser que Derrida est d'accord : une liberté radicale, inconditionnelle, démesurée, incalculable, voilà ce qui devrait venir au coeur de la démocratie, au-delà de ce qu'on entend aujourd'hui par le politique, et c'est ce que Nancy semble commencer à dire. Une telle liberté se donne comme espacement (devenir-espace du temps et devenir-temps de l'espace, dit Derrida). Mais dans un autre passage (p96 de son livre), Nancy introduit, entre parenthèses, ce qui pour Derrida est incompatible : cette liberté serait immédiatement liée à l'égalité, une égalité qu'on pourrait mesurer, pour chaque individu, par des moyens techniques. Selon Derrida, la liberté est double. C'est un pouvoir, une maîtrise qui dépend de conditions déterminées, de l'ipséité d'un "Je peux", et aussi un abus, un excès, une démesure. Entre l'incalculable et le calculable, il n'y a pas de négociation possible, l'aporie est irréductible. Mais selon Nancy, il faut au contraire un partage, une négociation.

Ce qui vaut pour la liberté vaut pour l'égalité. Il y aurait, d'un côté, une égalité calculable, mesurable soit par le nombre, soit par le mérite (celle que décrit Aristote); et de l'autre côté une égalité de principe, qui ne pourrait faire l'objet d'aucun calcul. Derrida tient à cette aporie, qui affecte le concept même de démo-cratie, et reproche à Nancy une tendance à mettre ces deux espèces d'égalité en continuité. Pour son concept de démocratie à venir (incalculable), Derrida prend appui sur une tension aporétique irréductible, tandis que Nancy (selon Derrida) tendrait à résoudre cette tension par un partage, un compromis, qui passerait par l'allusion indirecte (entre guillements ou entre parenthèses) à une certaine mesure d'égalité.

 

 

Pourquoi Derrida engage-t-il une polémique aussi vigoureuse à l'égard de son ami Jean-Luc Nancy, alors même que celui-ci semble défendre une conception de la liberté peu éloignée de la sienne? Ce qui est en cause n'est pas une simple différence d'accent ou de terminologie, c'est une distinction essentielle pour Derrida : entre le calculable et l'incalculable, entre l'économie et l'anéconomie. Par certaines de ses remarques, Nancy légitimerait une brèche, impardonnable pour Derrida, dans cette distinction conceptuelle. Même si, en pratique, le calculable et l'incalculable se mêlent toujours, il serait par principe exclu ou inacceptable, pour Derrida, de les confondre.

Derrida insiste sur la dimension auto-immunitaire de ces processus. Dans l'ipséité du "Je peux" s'introduit toujours un incommensurable qui vient ruiner cette ipséité. Effacer cet incommensurable, c'est revenir à la circularité du moi, du soi. Telle est la tentation courante de la démocratie - que celle-ci soit conservatrice ou révolutionnaire, à l'époque des Grecs ou à la nôtre. Mais jusqu'à aujourd'hui et dans l'avenir, pour les humains et aussi pour les animaux, les végétaux ou les minéraux, une liberté incalculable fait retour. La psychanalyse nomme cela inconscient, pulsion de mort ou cruauté. Derrida tient à dire que cet événement n'est, en aucune façon, réductible à une maîtrise, une métrique.

 


Recherche dans les pages indexées d'Idixa par Google
 
   
 
 

 

 

   
 
     
 
                               
Création : Guilgal

 

 
Idixa

Marque déposée

INPI 07 3 547 007

 

Derrida
DemoDecons

FL.LLM

DerridaPolitique

MN.MMP

DerridaLiberte

CE.LEC

ChoixAneconomie

FL.LLK

UdemocratieAntinomieEgalGenre = MK - NG