Une archive est l'enregistrement du passé (de l'ordre de la pulsion de mort comme l'explique Freud), elle renvoie à la consignation de la mémoire, à la fidélité de la tradition, mais c'est aussi un mouvement de promesse qui détruit cet enregistrement (anarchive). Pour mettre en cause la venue de l'avenir, il faut qu'elle reste imprécise, indéterminée, instable, qu'elle ne soit pas enfermée dans un héritage. Si son concept [comme le concept en général, qui est lui aussi une archive], reste mobile et indéfini, comme l'impression freudienne, s'il garde en lui un poids d'impensé (Verdrängung comme dit Freud, refoulement ou répression), c'est pour engager une histoire, une ouverture au désir, à ce qui vient.

L'archive "est une question d'avenir, la question de l'avenir même" (p60) ("une réponse, une promesse et une responsabilité pour demain"). Peut-être saurons-nous un jour (dans les temps à venir) ce qu'elle veut dire, mais peut-être pas. Pour l'heure, une messianicité spectrale la travaille, une expérience singulière de la promesse - qui travaille aussi le concept d'archive.