Pour qu'un être (homme, arbre ou chien) soit considéré comme individuel, il faut qu'il soit ôté à son environnement naturel et placé dans le monde. Il peut alors croître ou décliner, indépendamment du processus vital. Il échappe à la temporalité cyclique. On peut en dire autant d'une oeuvre. Pour qu'elle soit fabriquée, il faut d'abord qu'elle ait été conçue ou imaginée en-dehors du cycle naturel. Ensuite, il faut qu'elle soit achevée à un moment donné (fin du cycle de l'"oeuvrer" ou "ouvrer"). Une fois réalisée, ce n'est pas à la nature qu'elle s'ajoute, mais à l'ensemble des artefacts qui s'y opposent (car les artefacts humains, tant qu'ils existent, détruisent la nature).

Les oeuvres visent à sauvegarder et protéger le monde humain des cycles naturels de la consommation et de la corruption. C'est ce que racontent certaines vieilles légendes et récits mythiques.

Ceux qui, par leurs combats héroïques et leurs exploits uniques, résistent à d'écrasants périls - comme Hercule nettoyant les écuries d'Augias -, ceux-là ne travaillent pas, ils accomplissent des oeuvres.