"Le juste" n'est pas descriptible. On ne peut pas le déduire d'une expérience ni d'un raisonnement. Il n'a pas de critères, pas de règles, et les jugements à son sujet ne sont pas explicables. Sans doute y a-t-il quelque chose qui nous pousse à juger : le plaisir, la peine, le désir, le conatus, la persistance à être ce qu'on est, etc... mais c'est tout ce qu'on peut dire en se plaçant du point de vue des descriptions. On décide, on juge, on agit au coup par coup, en fonction du contexte. La question de savoir si c'est juste ou non sera appréciée après-coup, selon un autre jugement (futur) qui n'est pas définitif, qui peut varier dans le temps.

Dans la tradition juive, être juste, ce n'est pas être conforme à des lois. Il faut se méfier des prescriptions prises à la lettre, car il peut y avoir la plus extrême injustice à les suivre. Les plus conformes peuvent être injustes, et les moins conformes peuvent être justes. Pour juger, il faut imaginer les effets du jugement, ce qui renvoie la responsabilité du juge.