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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
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La suspension de la voix | La suspension de la voix |
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Sources (*) : |
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L'espace vocal | L'espace vocal |
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Nimos Kefa - "Déambulations dans l'espace vocal", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 22 janvier 2000 His Master's Voice - |
Plusieurs changements majeurs affectent la place de la voix |
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Nous parlons au présent car ces changements se poursuivent. Ils ont commencé dès la fin du 19ème siècle, avant la terrible explosion du 20ème, et le 21ème siècle sera leur âge d'or. Premier changement : La voix sest détachée. La voix est le seul organe capable de se détacher du corps, soit pour pénétrer dans un autre corps (par l'oreille) soit pour se perdre dans l'espace. Avec les techniques modernes (radio, téléphone), cette capacité de détachement a connu un essor extraordinaire. Depuis qu'elle peut être stockée, la voix séchappe aussi du temps. Elle est devenue intemporelle. Avec le téléphone (1876) et la radio, le son se libère de ses origines dans lespace; avec le disque (phonographe en 1877, cest-à-dire presque simultanément), il se libère de ses origines dans le temps. Des prothèses de la voix se multiplient et semblent envahir le monde. (..., disques numériques, Internet...). Devenue acousmatique, la voix se détache de son émetteur. C'est ce qu'on appelle une voix off, hors-champ. Depuis 1930, le cinéma nous y accoutume à grande échelle. Il est de plus en plus courant que le visage de celui qui parle soit invisible. Alors justement pour cette raison il remplit tout lespace (il remplace dieu). Ce qui était exceptionnel (la voix sans source des hallucinations, de la religion, ou de dispositifs particuliers comme par exemple celui de Pythagore) est devenu la règle. Dans nos sociétés libérales, limpératif vocal na pas disparu; il sest disséminé dans lespace. La voix nétant plus liée à limage dun visage doit trouver dautres images auxquelles se lier. Lespace vocal accomplit lopération inverse de lacousmatique : imaginarisation du son. Elle ne leste plus le langage de son poids de corps. En conséquence, le langage sémancipe, les fantasmes d'autoréférence et les métalangages se concrétisent dans l'espace social. Deuxième changement : La voix envahit lespace. Tout l'espace est colonisé par la voix. Colonisation extensive. Si cette extension ne rencontrait pas de limite, il ny aurait à terme plus aucun lieu sans voix. On a limpression quil ny a plus de limite aux inventions techniques. On tente même de coloniser le cosmos par la voix, mais heureusement cest infinitésimal. Cela produit des effets de groupe. Par exemple : effets didentification, effets communautaires, etc... La voix se démultiplie en modalités diverses. Elle se disperse en de multiples objets courants (sur le modèle du téléphone portable). Des déchets vocaux emplissent lespace. Décharge vocale : le monde est envahi par un bruit inhumain. Il y a des limites à cette colonisation. Limites techniques, qui semblent sannuler au fur et à mesure quon en approche. Limites psychologiques. Limites réelles. Certains lieux sont sans-voix, irrémédiablement. Par exemple : les mathématiques. |
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Troisième changement : La voix est défaillante. La voix étant partout, elle risque de ne plus être dans la bouche de personne. Curieux paradoxe : plus elle se dissémine, et plus elle manque comme voix authentique. La voix du père nest plus ce quelle était. Peut-être même a-t-elle disparu complètement, remplacée par la voix de papa. Cette défaillance semble sétendre à toutes les structures symboliques, qui sont affectées dun brouillage immaîtrisable. Appauvrissement de la langue. Les media. Les banlieues. Langue vouée à linterpellation brutale et au constat immédiat. Insécurité linguistique. Vocabulaire restreint. Fermeture au monde de l'écrit. Incapacité à fonctionnner au large. Ghettoïsation. Langue "branchée". Enfermement. Le monde devient hors de portée des mots. Ne peut pas éviter le passage à l'acte et l'affrontement physique. Rigidité. Perméabilité aux réponses simples, immédiates et définitives. Apparition du sans-Voix qui résulte de léchappement de la voix. Pourtant la voix légiférante subsiste, mais disséminée dans un espace auditif global. Errances. Devenu folle, la voix nest plus tenue par aucun système de rites ni de symboles. Si lon invoque tant la voix, cest quon a le sentiment de lavoir perdue. A sa place est un silence qui a caractérise le 20ème siècle (sa barbarie, le mode de vie quil imprime). En même temps que la voix, on perd la multiplicité des points de vue qui caractérisait lespace visuel. Le sujet se retire. Il nest pas déjà retiré, il est toujours en train de se retirer, il lest en permanence. Ce retrait est une traversée de différents domaines : la science, lespace vocal. Cest un procès de désubjectivation. Le sujet est brisé. Cette brisure fait retour dans son rapport à limage. --- En résumé : la voix sest détachée, elle envahit lespace, ce qui ne l'empêche pas d'être défaillante. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Nimos MQiVoixDetachement WC.ANG MQiEVocalCW.LKK S.voix Rang = OGenre = MK - NG |
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