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Accusations paradoxales de la haine anti - juive                     Accusations paradoxales de la haine anti - juive
Sources (*) :              
Delphine Horvilleur - "Réflexions sur la question antisémite", Ed : Grasset, 2019, p103

 

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Les héros juifs sont tous atteints d'une forme de féminisation, handicap, impuissance ou fragilité; pour l'antisémite, le Juif et la femme incarnent tous deux le manque

   
   
   
                 
                       

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Dans le Talmud, la parole d'une femme surgit comme un témoin extérieur, la voix d'un autre, l'altérité. Elle incarne une sagesse extérieure qui questionne le pouvoir en place et la phallocratie (p76). "Son impuissance physique ou politique détient la clé d'un autre type de pouvoir, celui des mots et des gestes quotidiens". Par cette position d'outsider, les positions de la femme et du Juif sont étrangement liées. Impuissants, incomplets, ils doivent agir par les seuls outils dont ils disposent : la séduction, la ruse, le langage, les mots. (En hébreu, le mot mila signifie aussi mot, circoncision).

Le féminin se dit en hébreu nekeva, un mot qui signifie trou ou oblitération (p79). Le manque, la perte, la séparation, la castration, c'est ce que l'antisémite ne supporte pas. Il hait tous ceux qui menacent de trouer sa complétude (p81).

Aux yeux d'un autre, le Juif est un homme au féminin, "ou en tout cas la marque d'un féminin agissant sur le monde" (p85). L'homme juif est présenté comme faible, manipulateur, hystérique ou opportuniste. Son corps est différent, féminisé, et en même temps libidineux, le plus libidineux qui soit - tandis que la femme juive est présentée comme virilisée. Dans les deux cas, le Juif menace la domination masculine, l'intégrité du mâle et aussi celle de la nation ou du groupe.

Cette féminisation remonte loin. Les prophètes parlent de la relation du peuple juif à son Dieu sous la forme d'un lien conjugal, une histoire d'amour scellée au mont Sinaï (p102), avec ses crises, ses moments de fidélité et de rebellion. Dans cette relation, Israël est du côté du féminin. Les personnages les plus importants de la Torah sont vulnérables, souvent handicapés. Abraham est stérile, Isaac aveugle, faible et manipulable, Jacob fragile, peureux, boiteux, et Moïse est bègue. Mais tous font preuve de résilience. Ils construisent leur leadership à partir de leurs faiblesses, d'un "en moins" qui leur sera un "en plus".

 

 

On trouve aussi chez Nietzsche ce rapprochement entre le Juif et la femme. L'un et l'autre sont des comédiens. Ils simulent, ils se donnent pour ce qu'ils ne sont pas.

 


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