Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Dieu caché, inconnu, irrévélé                     Dieu caché, inconnu, irrévélé
Sources (*) :              
Colette Kessler - "Dieu caché, Dieu révélé. Essais sur le judaïsme", Ed : Lethielleux, 2011, p164

 

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[Qu'il y ait des injonctions paradoxales dans la Torah, c'est ce qui montre qu'il y a du caché, de l'inconnu, de l'irrévélé dans ses préceptes]

   
   
   
                 
                       

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1. Présentation générale.

J'ai connu Colette Kessler, j'ai entendu de nombreuses personnes expliquer l'extraordinaire qualité de ses cours, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'y assister. C'est pourquoi je suis probablement à la fois mal placé et bien placé pour faire cette intervention. Mal placé, car je ne pourrai pas restituer l'ambiance de l'époque, mais bien placé parce que je suis obligé d'avoir recours non pas aux souvenirs mais aux écrits, de m'appuyer sur des textes précis et bien documentés. Grâce à Bruno Charmet, nous disposons de deux ouvrages qui reprennent un certain nombre d'interventions ou d'écrits de Colette Kessler. Mon idée était d'en choisir un parmi les plus caractéristiques, et d'essayer de l'inscrire dans le contexte de l'époque pour comprendre en quoi sa pensée était originale et unique. J'ai donc choisi dans le deuxième ouvrage publié le texte principal, celui dont le titre a été repris pour l'ensemble du livre : Dieu caché, Dieu révélé dans le judaïsme. Il s'agit d'un enseignement oral délivré aux sœurs du Monastère de l'Epiphanie, à Peyremale, les 14, 15 et 16 novembre 1995. Cette date est importante car le texte, qui n'était pas destiné à faire l'objet d'une publication, conserve certaines marques d'oralité et de spontanéité. Colette avait 67 ans à l'époque, et l'on trouve dans ce texte toutes les marques de sa maturité.

Je vais commencer par analyser sa forme et son contenu, avant de faire un certain nombre d'observations qui, je l'espère, permettront de mieux connaître les caractéristiques de la pensée de Colette.

 

2. Organisation du texte.

2a. Diversité, impossible à résumer.

Ce texte se caractérise d'abord par sa diversité. Colette Kessler cherche à réunir toutes les problématiques possibles autour de la question du caché et du révélé. Son plan reflète ce désir d'exhaustivité. Elle commence par le lexique. Elle cite une douzaine de mots hébraïques pour nommer le Caché, avant d'en sélection six (seter, satam, sod, tsaphan et raz) qui correspondent à un champ sémantique très large : ce qui se dérobe, ce qui est voilé, secret, ce qui est bouché, scellé, mystérieux, ce qui porte l'espérance, ce dont on attend quelque chose, ce qui peut être distant tout en étant proche, . Puis elle explique qu'il n'y a pas en hébreu de mot pour Révélation, seulement certaines expressions assez rares comme guillouï shekhinah. Elle cite bien sûr de nombreux extraits du Tanakh, mais aussi la liturgie, le Zohar, le Talmud, Rachi, Maïmonide, différents sages comme le rabbin Haïm de Volozhin et des commentateurs modernes sur lesquels je vais revenir.

2b. Le nom de Dieu.

Elle aborde ensuite la question du nom de Dieu, qui par essence ne peut être ni prononcé, ni interprété,

Je passe maintenant à quelque chose de plus difficile, qui est de repérer dans le texte ses principaux choix, ses orientations. Je ne vais donc pas paraphraser le texte, mais essayer de dégager, transversalement, ses orientations.

Son principal souci est éthique. Elle insiste sur les fautes, sur la responsabilité de l'homme en général, sur le ùystère du Très-Haut qui demeurera toujours caché, l'impuissance, l'impossibilité de tout connaître. Le Dieu qui se cache, c'est celui qui sauve. C'est aussi celui de la Teshouvah, un mot qu'elle traduit par repentir.

Pour communiquer avec Dieu, il faut un lieu caché (p139).

2c. La vision.

Par rapport à la vision, elle privilégie l'histoire des fils d'Aaron.

Ce qui est intéressant dans ce passage, c'est qu'elle présente deux positions contradictoires, Elle les développe l'une et l'autre, et finalement elle recherche leur cohérence (p158). "Dans la joie commune tous pourront manger et boire".

2d. Les mitsvot.

On ne peut jamais épuiser toute l'essence des mitsvot.

 

3. Les Tsitsit (Ouaknin).

Comparer ce que dit Colette des tsitsit avec ce que dit Ouaknin de la parokhet. Colette ne va pas jusqu'à dire que le talith, c'est le texte. Elle tire de toutes autres conclusions liées à ses références, sa foi. Mais il y a néanmoins chez elle tout ce qui aurait pu conduire à Ouaknin.

Il y a peu de contemporains : Emmanuel Lévinas, André Neher et Catherine Chalier, et un plus grand nombre d'auteurs de la tradition germanique : Franz Rosenzweig, Martin Buber, Gershom Scholem, Abraham Heschel ou Ephraim Urbach, ces deux derniers ayant fait leurs études rabbiniques en Allemagne. Pour elle, le grand philosophe juif d'après l'émancipation, qui exprime vraiment l'essence de l'âme juive (p151), c'est Hermann Cohen (p145). A cela s'ajoute Nehama Leibowitz, la sœur de Yeshayahou Leibowitz beaucoup plus connu mais que Colette Kessler ne cite pas. Il y a aussi quelques auteurs catholiques, mais je me limiterai ici à la tradition juive.

Elle fait très peu appel aux auteurs qu'on a l'habitude de désigner sous le nom d'école juive de Paris, ceux qui animaient le colloque des Intellectuels Juifs de France. Par exemple le livre de Claude Vigée par en 1992, Dans le silence de l'Aleph, Ecriture et Révélation, qui pourtant porte le même thème, ni l'ouvrage de Marc-Alain Ouaknin, Le livre brûlé, publié en 1986, qui lui aussi recoupe cette thématique. Elle mentionne parfois Léon Askénazi (Manitou) dans d'autres textes, mais pas dans celui-là. Ni la revue Pardès, dont les premiers numéros datent de 1985, ni les Cahiers de l'Alliance Israëlite Universelle ne sont mentionnés. Il faut dire qu'en 1995, la plupart de ces philosophes français avaient fait leur Aliyah. Je signale toutefois ce point qui, sur le fond, n'est pas sans conséquence.

4. Aleph (Scholem/Horvilleur).

Colette Kessler revient plusieurs fois sur le Aleph. C'est un thème récurrent. Elle cite Gershom Scholem, mais elle en tire une conclusion très différente de celle de Delphine Horvilleur.

Au début de son texte, elle évoque la lettre aleph ainsi que le anokhi, le "je" bilique, qui commence par un aleph. C'est la quintessence de la Révélation, dit-elle, et non pas du Caché, ce qui peut sembler étrange, mais elle ne revient sur la thématique du Aleph. Elle cite une fois la Cabale à propos du Eyn Sof (l'infini), mais ne développe pas.

A propos du Nom de Dieu, elle insiste sur la prière, l'Alliance, la foi. On ne peut jamais s'approprier le Nom divin, aucun nom ne peut l'enfermer. On ne peut le connaître que par l'étude de la Torah, les services et la charité.

De tout ce que dit Gerschom Scholem sur ce sujet, elle ne retient que les citations de Hermann Cohen (pp151-152) qui parle de la sensibilité religieuse du juif. Elle cite pourtant le scepticisme de Scholem à ce sujet (p152).

 

5. Les contradictions de la Torah et l'irrévélé, (Derrida/Cixous).

Le Talith pour Derrida, c'est d'abord son unicité. Il renvoie à un seul, une fois - mais chaque fois qu'il est porté, c'est (1+n). Toujours plus. Avec un talith, il n'y a pas de dévoilement. Le dévoilement est impossible. On ne peut jamais arrêter la logique du talith. Colette Kessler montre par la structure même de son texte que ça ne s'arrête jamais : il est additif.

Chez St Paul, on s'arrête à 1. Une fois que la vérité est dévoilée, ça s'arrête. Ce qui est le plus caché apparaît comme vérité (p140). Elle sera dévoilée à la fin des jours.

 

 

 

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Propositions

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Il faut mettre le talith, regarder le fil d'azur des tsitsit, pour prendre acte des commandements, entrer dans la relation du révélé et du caché, de la présence et de l'absence

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Dieu caché, Dieu révélé, Essais sur le Judaïsme (Colette Kessler, 2011) [DCDR]

 


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