Pour certains théoriciens ou historiens du cinéma, un film doit s'intégrer dans un ensemble : un genre (giallo, horreur, thriller, comédie, western, documentaire, etc.), une période historique (le réalisme italien, la nouvelle vague française, le formalisme russe, le cinéma hollywoodien classique, etc.), une catégorie (le film noir, l'expressionnisme, le film expérimental, le film d'auteur, etc.), une zone géographique (Bollywood, Nollywood ou autre), etc.. Ces catégories ont elles-mêmes une histoire, ce sont des récits au même titre que les autres récits. Les genres se recoupent, ouvrant chacun, dans un autre, une possibilité d'invagination.

Avant d'être représentatif d'une série ou d'un groupe, un film est un événement singulier. Il n'est pas la métonymie ou la synecdoque de quelque chose d'autre. Il n'a pas d'essence. On ne peut pas l'enfermer dans des frontières chronologiques, formelles, normatives, stylistiques ou autres. Au-delà de la loi du genre, c'est un principe de contamination qui opère, une loi d'impureté, une économie parasitaire (p46).

Un film pris au hasard, par exemple Slightly Scarlet, d'Alan Dwan (1956), qu'on l'affuble ou non d'un titre ou d'une catégorie, par exemple film noir, il doit avoir, il a nécessairement, quelque chose d'absolument unique. Il y a nécessairement au moins une image, une parole, un détail (et même plus d'un, beaucoup plus d'un), pour lequel il fait événement.