Dans une culture dominée par l'inscription graphique dont le support privilégié est le papier, Freud a cherché un autre modèle, un autre dispositif qui rende mieux compte de l'appareil mnésique (conscient et inconscient). Avec le Wunderblock (bloc ou ardoise magique), la feuille d'inscription est dédoublée. L'inscription est recueillie sur une première feuille en celluloïd (fine, transparente, flottante) et reproduite immédiatement sur une seconde en cire. On écrit sans encre, à même la celluloïd, et c'est la cire qui en garde la trace (double bande). Effacer la première n'implique pas nécessairement la suppression de l'autre, la seconde.

Par rapport à l'usage courant du papier, la fonction de la première feuille est restreinte. On peut dire que dans le mouvement (magique) de l'ardoise, elle se retire. Elle est disparaissante, il faut faire son deuil de sa présence, comme dans tout travail d'écriture.

Pour se servir de cet appareil, il faut une manipulation qui mobilise les deux mains (ce qui le rapproche de l'ordinateur et l'éloigne du geste de l'écriture manuelle) : une main pour écrire, et une autre pour effacer périodiquement.

Il s'agit d'un des modèles proposés par Freud, mais pas le seul. Il y en a d'autres (modèle optique de l'appareil photographique ou du microscope; traces sur le corps propre, hiéroglyphes, tradition juive du déchiffrement).