Le problème de la "liberté en soi" (la liberté métaphysique) n'a pas de sens. Je ne peux éprouver que ma propre liberté, et je l'éprouve d'autant plus que je rencontre l'absurde. Pour ce qui concerne mes buts quotidiens, mes soucis d'avenir (à condition de ne pas déborder ce cadre), j'agis comme si j'étais libre; mais dès que je pense à ma mort, je me dis que les jeux sont faits, que je suis un esclave sans espoir de révolution. Je vis dans l'illusion de la liberté, mais si je fais un choix, si j'ordonne ma vie, je prouve qu'elle a un sens et je deviens un fonctionnaire de l'esprit et du coeur. Comment dans ces conditions prendre au sérieux la liberté de l'homme?

Il faut vivre le plus possible, transformer en règle de vie ce qui était invitation à la mort.