Bruno Latour propose un principe d'anthropologie symétrique selon lequel toutes les cultures, y compris la nôtre (moderne-occidentale) produisent des hybrides nature-culture, des collectifs où les choses ne sont pas séparés de la société mais s'y combinent en collectifs de toutes sortes. C'est ce qu'il appelle des quasi-objets, dont il donne des exemples variés : le trou d'ozone, le réchauffement climatique, la bombe démographique, une file de voitures sur une autoroute, les systèmes de parenté, l'ethnomédecine, les sacrifices, le culte des ancêtres, la génétique, la cosmologie, l'hématologie, une centrale nucléaire, une carte du génome humain, un métro sur pneu, un feu de bois, une charrette, des esprits visibles dans le ciel, un cluster de galaxies, etc... Chaque fois, des éléments humains et non-humains se combinent. Ces quasi-objets ne peuvent pas entrer dans le Grand Partage moderne entre nature et culture : ils correspondent à chaque fois à un partage spécifique (un petit partage) entre l'un et l'autre.

Ils sont tous différents les uns des autres, mais pas égaux. Il y a entre eux des asymétries dont la principale est, selon Latour, la taille. Les quasi-objets incorporent plus ou moins d'objets, d'élements humains et non-humains, de subjectivité. Parmi les plus vastes, il y a les sciences et les techniques, les savoirs et pouvoirs modernes. Ceux-là démultiplient, à grande échelle, les hybrides.