La définition du "care" donnée par Joan Tronto et Berenice Fischer est plus large que celle de Carol Gilligan. C'est une relation souvent duelle, interindividuelle (par exemple entre une mère et son enfant), mais qui peut aussi être socialisée (par exemple l'éducation des enfants), ce qui lui donne une dimension culturelle et politique. Le monde qu'elle suppose est un réseau complexe où sont inclus notre corps, les objets dont nous avons besoin, notre environnement. Mais ce "care" ne s'étend pas indéfiniment. Il est limité à la préoccupation pour les besoins des autres. Il n'inclut ni la recherche du plaisir, ni l'activité créatrice, ni le jeu, ni la production ou la destruction, ni les activités "intéressées". Il comprend différentes formes de protection (par exemples de type rituel), mais pas toutes (certaines activités de police en sont exclues).

Il ne correspond jamais à une simple préoccupation intellectuelle, car il implique aussi un acte ou un processus qui engage dans une pratique.

Dernier élément : pour qu'une activité se rapporte au "care", il ne faut pas qu'elle soit vécue comme un simple travail, mais qu'elle soit aussi ressentie comme une disposition, un engagement.

Le "care" est un ensemble de pratiques emboîtées concernant nous-mêmes, notre corps et notre environnement. D'une part, chacun d'entre nous s'occupe des autres; et d'autre part, chacun d'entre nous fait l'objet de cette attention. Le domaine du "care" est souvent méprisé, car ce sont des femmes ou des minorités ethniques qui s'en occupent. Et pourtant il est partout. Ses activités sont si centrales et omniprésentes, que nous ne le considérons jamais pour ce qu'il est. Mais si nous reconnaissons qu'il correspond à un vrai travail et peut faire l'objet d'une analyse rigoureuse, si nous le prenons au sérieux, alors le monde devient différent.