Derrida
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Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Duplicité de la folie                     Duplicité de la folie
Sources (*) :              
Michel Foucault - "Histoire de la folie à l'âge classique", Ed : Gallimard, 1972, p580

 

Le fou (Odilon Redon) -

Absence d'oeuvre : la folie fait voir ce vide ou ce rien, ce pli du parlé, cette matrice du langage où langue et parole se forment l'une à partir de l'autre

   
   
   
                 
                       

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1. Parmi les interdits du langage, il en est un qui concerne plus particulièrement la folie d'aujourd'hui. La parole n'y est pas soumise au code reconnu, mais à un code spécifique, qui s'énonce silencieusement dans ce qu'elle dit. Ce langage ésotérique la creuse de l'intérieur, il la laisse fuir vers un foyer sans lumière, que la culture ne peut pas accepter. Enveloppée sur elle-même, la parole ne dit plus autre chose que l'auto-implication du langage. Freud a cerné ce signifiant qui n'est absolument pas comme les autres, il a fait apparaître la folie comme une prodigieuse réserve de sens, une réserve lacunaire, un vide qui fait voir ce creux où langue et parole se forment. Ce langage n'existe que dans une parole qui ne dit que sa langue, une région blanche où rien n'est dit. C'est cela que Foucault appelle absence d'oeuvre.

2. On trouve dans la littérature, avec Mallarmé, Raymond Roussel ou Artaud, un mouvement où la parole énonce, elle aussi, en même temps, ce qu'elle dit et ce qui la rend déchiffrable. En chacune de ses phrases, en chacun de ses mots, elle inscrit ses principes de déchiffrement. De là "cet étrange voisinage de la folie et de la littérature". Dans la forme vide d'où vient l'oeuvre, elle ne cesse pas d'être absente. Dans le discours courant, elle ne dit rien; ou ce qu'elle dit est contradictoire ou impossible comme la paradoxe du "Je mens". Dire "J'écris" ou "Je délire" n'est qu'une autoréférence vide. Ce n'est pas une oeuvre.

 

 

Peut-on revenir au moment matinal, au degré zéro de l'histoire qui précède la séparation de la raison et de la folie? Il faudrait pour cela renoncer à tout ce que nous pensons savoir de la folie, à toutes les rétrospections qui permettent de donner un sens à ce partage, il faudrait renoncer à la vérité et à l'enchaînement rationnel des causes. Il faudrait revenir au temps des Grecs, quand le Logos n'avait pas de contraire. Mais il faut au monde occidental des limites, il lui faut un Extérieur. Pour construire son grand oeuvre, il lui faut une absence d'oeuvre (Dits et écrits, p190), un lieu silencieux, obscur, vide, face auquel se dresse la plénitude de l'histoire, une parole sans sujet parlant, sans interlocuteur, sans langage, inaccessible depuis que la raison s'en est séparée.

Absence d'oeuvre. Après avoir introduit en 1961 ce syntagme dans la préface initiale d'Histoire de la Folie [supprimée de la seconde édition], Foucault le reprend dans l'Appendice ajouté en 1971 [dans la seconde édition]. Mais il ne le fait pas sur le même mode. Dans la première édition, l'absence d'oeuvre introduisait à l'âge classique; dans la seconde, cette même absence décrit la situation qui fait suite à l'âge classique : (1) la folie depuis Freud (2) la littérature après Mallarmé. Pourquoi ce changement d'accent? Peut-être parce que, entre-temps (en 1963), Jacques Derrida avait publié une analyse critique du livre sous le titre Cogito et histoire de la Folie (in l'Ecriture et la différence pp84-85). Il y évoquait l'absence d'oeuvre, toujours dans la perspective du surgissement du langage, mais en exprimant sa méfiance à l'égard de l'idée même d'exclusion de la folie. Une controverse qui portait apparemment sur Descartes, mais en réalité sur le fondement même du travail de Foucault.

 


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