Ses figures semblent surgir de la nuit. Réduites à quelques traits colorés, elles se dédoublent entre un masque visible et un autre visage intérieur, fantômatique, épouvantable ou épouvanté, comme issu d'une boule de cristal, d'une opération alchimique ou d'une apparition.

Elles ne sont pas immobiles. Elles courent et se multiplient comme des signes ou des foules. Elles foisonnent, se métamorphosent, montrant chaque fois d'autres aspects jamais vus. Des visages ouatés, instables, des têtes fragiles, monstrueuses, floues, affolées, imprécises, réduites à quelques lambeaux, quelques traces en voie de dilution, et qui pourtant hurlent, protestent, grimacent, émergent à peine de l'effroi, de l'étouffement. Leur détresse s'étale sur le papier, s'infilte dans la feuille.