Il faut fournir du sens, de la transcendance crédible, de la réalité objective et du consensus à un destinataire (le public) et un destinateur (celui qui s'exprime). Les avant-gardes ont ébranlé les croyances, mais leurs expérimentations n'attirent pas le public. Comme il est impossible de revenir au néo-académisme (ce qui exposerait au ridicule), les industries du divertissement préfèrent s'appuyer sur le capitalisme qui déréalise les objets coutumiers, les rôles de la vie sociale et les institutions. Sur cette base les nouveaux arts industriels peuvent espérer poursuivre la mise en ordre du visible initiée à la Renaissance. Elles proposent des structures d'images et de séquences, des codes de communication qui multiplient les effets de réalité.

Ce réalisme évite la question de la réalité. Quelque part entre l'académisme et le kitsch (c'est-à-dire l'éclectisme), il a pour tâche de délivrer le public de la dépression et de l'angoisse. Il faut pour cela unité, simplicité, communicabilité. Les peintres et les romanciers peuvent refuser ce conformisme de masse. Ils peuvent interroger les règles qu'ils ont reçues de leurs prédécesseurs. Le prix qu'ils ont à payer est de devenir peu crédibles, de se retrouver sans audience, et d'être désaisis du métier de peindre et d'écrire. C'est cette position que Duchamp a assumée parodiquement avec le readymade.