L'artiste contemporain a une conception active de la matière. Déjà les cubistes recomposent les objets avec n'importe quel matériau (carton, boîtes d'allumettes, bouts de fer). Mais ils continuent à faire appel aux formes traditionnelles de la vision. Plus tard les sculpteurs détruisent l'unité du bloc de matière. Ils rendent les volumes actifs et indépendants (Laurens, Moore). Le volume est issu d'une tension entre le dehors et le dedans, en fonction de la lumière et de l'ambiance. Le vide au coeur de la matière devient actif. Ce sont les éléments dynamiques de la matière qui sont rendus visibles. Les blocs ne sont que suggérés - ce qui suggère une analogie avec l'architecture de la même époque qui évide les murs et favorise la communication entre l'intérieur et l'extérieur.

L'industrie contemporaine donne des facilités quasi illimitées aux artistes. La matière n'a plus d'inertie, elle peut être massifiée ou étirée à volonté. Seule compte l'hypothèse interprétative de l'artiste. C'est une extraordinaire nouveauté qui induit une nouvelle pensée plastique. L'artiste attribue des qualités à la matière au lieu de les exploiter.