Vingt ans après la mort de Jacques Lacan, la psychanalyse ne va pas toujours pas de soi. Ce dont elle parle ne nous est pas donné sur le mode de l'évidence (directe ou indirecte). Elle ne peut pas s'appuyer sur des énoncés reconnus comme valides, qui pourraient lui donner des fondements assurés et être la base d'une vérité partageable par tous (y compris les non-analystes). De plus elle s'en prend à deux paradigmes majeurs du savoir : le discours scientifique dans son universalité, et le sujet. Tout cela conduit à entretenir sa crise interne.

En l'absence de recherche sur la structure ontologique - non psychique - de la psychanalyse, qui pourrait déboucher sur la connaissance d'un domaine objectif transcendant, les analystes tendent à privilégier les histoires individuelles, singulières, et la relation transférentielle du patient à l'analyste. La dépersonnalisation finale (destitution du sujet) fonctionne comme le telos normatif de la cure.

Pour répondre au défi épistémologique que représente la pensée de Lacan, Guy-Félix Duportail propose une démarche phénoménologique qui permettrait de construire une "grammaire du réel". Seules des voies logiques peuvent conduire à des fondations théoriques communes, partageables. Après ses mathèmes, graphes et algorithmes, Lacan en a ouvert quelques'unes. Il faut en établir d'autres, capables d'exprimer la structure éidétique du réel. Cela passe par un acte de raison.