Derrida
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La peau, premier entre - deux                     La peau, premier entre - deux
Sources (*) :              
Iemanja Omulu dos Santos - "La salamandre et le caméléon", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 21 avril 1997

 

Le bien et le mal - detail (Andre Orsel, 1850) -

Je suis toute entière un tympan dont la peau colle aux quatre coins du monde

   
   
   
                 
                       

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Qu'est-ce que tu fais cet été? demande Armando Benjoz.

Saphira ne répond pas.

- Je vais rester seul. Je passerai ma journée dans un bain de jazz qui me lavera, qui me décapera jusqu’aux aisselles. La musique sera ma sponge, dit Armando. Elle, elle ne me rejettera pas, elle me recouvrira de son enveloppe blanche, sa langue moite et fétide me bercera. Tu entends?

- Non dit Saphira.

- Une mer d'argile remplacera mon propre tympan. Ce ne sera plus moi qui serai à l’écoute, ce sera ma peau. Elle se détachera, elle collera aux quatre coins du monde, elle s’étendra jusqu’aux confins de l’univers, elle se transformera en un epiderme vaste comme un cosmos.

- Il se prend pour le cosmos! dit Saphira.

Ce jour-là, Iemanja Omulu dos Santos était vêtue plus discrètement qu’à l’ordinaire. Son long corps osseux, granuleux, se confondait dans une robe noire et fendue. La phrase d'Armando Benjoz lui plut. Par elle ma peau collera aux quatre coins du monde, s’exclama-t-elle en secouant Valentin Servanne.

- Quoi? Déjà? dit Valentin.

- Mon épiderme... hésite Iemanja.

- Ton épiderme? interroge ironiquement Saphira toujours étendue sur le couvre-lit.

- Non, merde! dit Iemanja. Voilà ce que je te propose : Je suis toute entière un tympan dont la peau colle aux quatre coins du monde. Superbe!

Apparemment, Valentin Servanne n’écoutait pas.

Iemanja éclate de rire à contre-temps et serre le bras de Daniel, qui se trouve par hasard à côté d’elle.

Elle m'a touché. Quand une femme m'a touché pour la dernière fois je portais un autre nom. C'est elle, Iemanja, qui redonne vie par son contact au vieille homme revenu, sous l’enveloppe d’un homme jeune. Par ce toucher le monde reprendra substance, par elle le vieil être que je suis rentrera dans le temps.

 

 

- On partage tous le même tympan? demande Daniel Nikel en espérant la maintenir auprès de lui. Un seul et unique tympan? pour nous tous?

- Et je suis ce tympan! répète Iemanja toute excitée. Valentin, tu notes ou quoi?

- Tu le partages avec nous?

- Non. Je suis la femme générique. C'est mon tympan à moi qui est le vôtre. Je ne le partage pas, dieu m'en garde! Il faut admettre que ça marche, que tel est le fonctionnement de base du Ctp. Il y aurait une femme qui serait un tympan, qui ne serait toute entière qu'un seul et unique tympan, et par cela le Contemporain deviendrait Ctp, elle se poserait là en-dehors de nous et en nous, elle deviendrait radio, télévision, musique, voix de son maître, son corps resterait distinct du nôtre tout en étant notre propre tympan.

- Tu la vois grande comment, ta femme-tympan? demande Ingfrid.

- Elle n'a pas de dimension.

- Une femme universelle a la dimension de l'universel dit Ingfrid Pollano.

- Oui répond Iemanja, pour autant que la voix universelle est celle qui n'a plus en face d'elle aucun objet. Tu as déjà rencontré cette femme. Elle habite ton oreille. Elle est vibrante et entendante par toutes les membranes de ton corps, elle amplifie toutes les voix du monde.

- Le tympan serait sexué dit Ingfrid, il serait féminin par nature. Nous avons tous dans l'oreille un tympan de femme. Tu crois ça Iemanja?

- Je crois la phrase d'Armando parce qu'il l'a dite. Il faut croire aveuglément tout ce qui est dit, tout, comprends-tu? Sans la femme-tympan, il n'y aurait jamais eu de radio ni de musique pour franchir l'océan.

- Tu as raison.

- Celle qui est un tympan dont la peau colle aux quatre coins du monde, celle-là existe. Armando l'a oubliée mais moi je ne l'oublierai pas. C’est ma soeur aînée. Que Valentin le veuille ou non je la rentrerai dans le gran’faire. Sa peau n'est pas la mienne ni la tienne mais elle avive notre union, elle est la lèvre extérieure qui s'y greffe et parle à sa place, elle est le bord cutané de notre esprit commun.

- Iemanja écoute-moi dit Daniel. Pourquoi est-ce que tu ferais ça?

Il y avait dans sa façon de parler, dans son être, dans sa personne même, une sorte de simplicité provocatrice, mais l'autre aspect, l'autre aspect, je ne le voyais pas.

- Je suis en contact épidermique total avec le monde dit Iemanja.

- Tu délires! dit Saphira.

- Le tympan n'est-il pas réellement l'enveloppe universelle du Ctp? Chacun son vocabulaire. Moi je ne parle pas de l'audiovisuel parce que je déteste ce mot. Mais l'universel tympan féminin dont Armando m'a soufflé l'existence, vous l'appelez audiovisuel. L'audiovisuel est un organe, c'est un organe commun à tous les hommes, une sorte de peau astrale à travers laquelle tous les humains entretiennent un contact épidermique, une copulation ventrale dont seule une femme peut accueillir en elle-même le produit pour en redistribuer le don. Elle est ce contact car Elle est un tympan dont la peau colle aux quatre coins du monde. Cet organe est vital, on l'a tous, il s'enroule autour de nos crânes, il visse nos tempes, il prolonge nos langues autour de nos cous, c'est un noeud coulant, une torsade biologique de l'espèce plus contraignante que l'ADN car moins diversifiée. Si la femme-tympan avait la mauvaise idée de resserrer son étreinte, on mourrait d'étouffement.

- Tu en as peur?

- Tu te trompes Simeon. Je n'ai pas parlé d'Elle, j'ai parle de mon épiderme. Tous peuvent dire je. Y a-t-il de quoi avoir peur?

Peu m'importent les trajets et les dérivations si la substance du vieux nom est revenue.

- Bon, d'accord! dit Simeon en s'éloignant.

- Elle se suffira à elle-même dit Iemanja. A quoi bon dériver?

- A quoi bon?

- C'est trop tôt dit Valentin Servanne. Avez-vous vu l'heure?

- Ah oui! dit Iemanja qui, nonobstant les observations extérieures, poursuivait sa propre route. Mon épiderme colle à l'enveloppe du monde. Qu'est-ce que tu penses de ça?

Bendito Sapintza était à l’écoute. Il entra lui-même la proposition de Iemanja dans le Harvey. Clac Clac Clac!! confirme le Harvey.

- Qui peut contester cela? demande Ingfrid Pollano.

- Simeon n'a rien dit.

Elle s'écarte des autres et pourtant, comme eux, sa passion pour le Cercle ne tarira jamais. Pourquoi sont-ils à ce point mordus? A quoi pourvoiera ce ramassage délirant?

 


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