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Derrida, judaïsme, judéités                     Derrida, judaïsme, judéités
Derrida, la traduction               Derrida, la traduction
Jacques Derrida - "Le Cahier de l'Herne sur Jacques Derrida", Ed : de l'Herne, 2004, p561, 566

 

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Ce qui est dû à Shylock, le Juif, c'est l'intraduisible, l'impossible, l'incalculable, l'insolvable même

   
   
   
               
                       

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Au début de son texte sur la traduction (Qu'est-ce qu'une traduction "relevante" ?) (p561), prononcé en novembre1998 à Arles lors des Quinzièmes Assises de la Traduction Littéraire, Derrida intercale une phrase qui ne semble pas avoir de rapport avec le thème abordé dans ce colloque : Comme ce qui est dû à Shylock, l'insolvable même. La relation n'apparaîtra que petit à petit, dans la suite du texte, à partir de la p566. L'élément commun entre les deux, c'est que ce qui dans la pièce de Shakespeare, Le marchand de Venise (écrite vers 1596-1598), est irréductible au Juif, c'est aussi ce qui est irréductible, en général, dans la traduction. Dans les deux cas, il faut qu'il y ait un serment de fidélité à l'original, et dans les deux cas, ce serment est impossible à respecter. Le contrat signé avec Antonio par Shylock l'engage irréversiblement, et le traducteur doit promettre, jurer une fidélité à l'original. Pour remplir leurs obligations, l'un et l'autre doivent nécessairement se parjurer. Dans la séance de séminaire du 12 novembre 1997 où il a prononcé une première version de ce texte, Derrida fait observer que la question juive, telle qu'elle est posée dans Le Marchand de Venise, s'impose toujours à nous. Elle n'est pas seulement du temps de Shakespeare, elle est de notre temps et de tous les temps. S'il choisit de privilégier cette pièce de théâtre, c'est parce qu'on peut la retraduire comme un problème de traduction, c'est-à-dire d'intraduisible, de dette impayable. Une livre de chair ne peut pas se transposer en monnaie, on ne peut pas la calculer. Sa traduction dans le langage de la cité est impossible.

Shylock et Antonio, au moment où ils s'accordent et s'engagent sur la livre de chair, dans le film de Michael Radford, Le Marchand de Venise (2004).

 

 

On peut comparer Le Marchand de Venise (Shakespeare) à La tâche du traducteur (Walter Benjamin). Il y a le serment intenable de Shylock, avec risque de parjure. Il doit rester fidèle à ce lien (bond), ce contrat dissymétrique, cet original voué à la trahison; il y a le thème du calcul, de l'économie, du remboursement de la dette, et aussi le thème de l'équivalence incalculable, impossible à rembourser; et il y a en outre la question de la conversion : entre chair et argent, entre corps et lettre, entre judaïsme et christianisme, entre texte et sens, entre littéralité et spiritualité.

Derrida propose de traduire la phrase de Portia, dans son monologue sur le pardon ; When mercy season justice..., par : Quand le pardon relève la justice.... C'est un choix linguistique, littéraire, et aussi un choix politique, philosophique, stratégique. Pour les chrétiens, la miséricorde, traduite ici par pardon, est une relève, une élévation, une spiritualisation dont le Juif est incapable. Privilégier cette phrase, c'est aussi analyser les ressorts de l'antijudaïsme ou de l'antisémitisme. Attaché à la chair comme à la lettre, le Juif ne peut pas s'élever au pardon.

 


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