Derrida
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CinéAnalyse : Autothanatographies                     CinéAnalyse : Autothanatographies
Sources (*) : Le cinéloft du Quai               Le cinéloft du Quai
Patrice Dufébure - "Le goût de la parole", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 16 janvier 2020 "La vie la mort" : graphies d'alliance

[(CinéAnalyse) : En me mettant à la place d'un autre pour raconter, comme si j'étais vivant, ma propre mort : "Auto-thanato-graphie"]

"La vie la mort" : graphies d'alliance
   
   
   
Sur l'"autothanatographie", néologisme derridien Sur l'"autothanatographie", néologisme derridien
                 
                       

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1963.

- La Jetée (Chris Marker).

1984.

- Mémoires d'un Juif tropical (Joseph Morder).

1987.

- Gens de Dublin (John Huston).

2018.

- Le lion est mort ce soir (Nobuhiro Suwa,).

2022.

- Aucun Ours (Jafar Panahi).

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Au cinéma, l'autothanatographie, ce n'est pas seulement montrer sa mort, se sentir mourir ou avoir l'impression qu'on meurt ou qu'on est déjà déjà mort, c'est raconter cette expérience. Il faut que je sois là, présent, et qu'en même temps je sois cet autre qui est là-bas, mort ou en train de mourir, et qui est aussi moi. Je suis là deux fois, avec la même identité, le même nom, la même personnalité, mais pas dans la même position.

L'un des films les plus connus jouant sur cet écart est La Jetée (Chris Marker, 1963). C'est un classique de l'autothanatographie. Circulaire, il commence et finit par la mort du je. Cette mort est racontée comme souvenir, destin inéluctable, événement et réitération, par un personnage qui est le même je, mais différent. Qu'il le sache ou non, qu'il le vive au futur ou au passé, n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui compte, c'est qu'au moins une fois il revive cet instant où il est à la fois le racontant et le raconté, le vivant et le mourant. Dans le film, le personnage arrive à être doublement je sans jamais dire je. C'est le discours de la voix off qui lui permet, en même temps, d'être mort et de vivre. Déjà mort, il n'est pas encore un spectre; et pas encore mort, il est déjà un survivant. L'autothanatographie n'est jamais dissociable d'un temps de deuil de soi-même, un moment de jouissance qu'il faut réitérer. Dans Gens de Dublin (John Huston, 1987), un narrateur, qui n'est autre que le réalisateur lui-même, se raconte comme mort. Dans Mémoires d'un Juif tropical (Joseph Morder, 1984) ou dans Le lion est mort ce soir (Nobuhiro Suwa, 2018), il raconte une étape de sa vie définitivement effacée, soit par un voyage, soit par une perte d'amour. C'est toujours une expérience d'arrachement ou de retrait, mais dans certains cas (La Jetée, Gens de Dublin), elle se termine en boucle, sans avenir, tandis que dans d'autres cas (Mémoires d'un Juif tropical, Le lion est mort ce soir), elle ouvre sur un supplément de vie, un "pas au-delà".

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Propositions

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[(CinéAnalyse) : En disant : "Je suis mort"]

 


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