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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 25 avril 2018

 

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CinéAnalyse : Autothanatographies

"Gens de Dublin" ou "The Dead" (John Huston, 1987) - le film qui fait entendre la phrase : "Je suis mort"

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Alors que l'adaptation réalisée par John Huston de la nouvelle de James Joyce The Dead est sur le point d'être projetée en ouverture de la Mostra de Venise, le 29 août 1987, on apprend la mort du réalisateur, survenue dans la nuit du 27 au 28. A la mémoire de Joyce qui, dans Dubliners, se souvient vers 1907 des dîners de famille qui avaient lieu quelques années plus tôt, se superpose l'archi-mémoire du cinéaste. Qui est désigné par le titre, The Dead ? Si l'on suit le récit, il s'agit du jeune homme de 17 ans qui, dans le souvenir du personnage joué par Anjelica Huston (qui elle-même a passé son enfance en Irlande), renonce à la vie - mais on soupçonne que, bien sûr, c'est aussi John, père réel de l'actrice (et d'origine irlandaise). Toujours selon le récit, ce peut être la vieille dame à la voix éraillée dont la disparition est proche, où encore tous ces gens qui vivaient à Dublin en 1904 (l'année d'Ulysse). Que reste-t-il d'eux en 1987? Du cinéma, de la littérature. Même John Huston, né en 1906, ne les aura pas connus, et encore moins son fils Tony, scénariste, élevé lui aussi en Irlande. Ces gens banals, ils sont n'importe qui et nous hantent tous. Mais il y a plus. Le film se termine par la vision d'un cimetière, un dernier plan où le souvenir des morts se noie dans la neige, et un dernier mot : dead. C'est comme si, en tant que film, il disait lui aussi : Je suis mort. Les décors, les acteurs, les événements, tout ce que vous voyez à l'écran, ce sont des simulacres. Ici et maintenant, le film montre la mort. C'est daté et signé, John Huston, mais ce que nous voyons, c'est ce film (comme tel) qui seul a la parole. Certes, cette parole est un artefact, un enregistrement, une production mécanique, mais nous l'entendons. Ce post-scriptum à l'œuvre de John Huston la représente, la partie pour le tout, et c'est aussi une métonymie de tout film, de n'importe quel film, car ils disent tous : Je suis mort.

Le poème lu par l'un des convives :

« Tard hier soir,

Le chien parlait de toi.

La bécasse parlait de toi au cœur du marais.

Car tu es l’oiseau solitaire à travers bois.

Et puisses­ tu demeurer sans compagnon...

Jusqu’à ce que tu m’aies trouvé.

Tu m’as promis,

Et tu m’as menti.

Tu as dit que tu m’apparaîtrais, quand s’assemblerait le troupeau de moutons. J’ai sifflé, j’ai crié trois cent fois vers toi.

Et je n’ai rien trouvé... Qu’un agneau bêlant.

Tu m’as promis une chose qui était difficile à trouver.

Une nef d’or sous un mât d’argent.

Douze villes, avec chacune un marché.

Et un beau palais blanc sur le rivage de la mer.

Tu m’as promis une chose qui n’était pas possible.

Que tu me donnerais des gants faits de la peau d’un poisson.

Que tu me donnerais des souliers de peau d’oiseaux.

Et un habit de la plus coûteuse soie d’Irlande.

Ma mère m’a dit de ne pas te parler.

Aujourd’hui, ni demain, ni dimanche.

Elle a mal choisi son moment pour me le dire.

C’était fermer sa porte, après le cambriolage.

Tu m’as pris l’Est.

Tu m’as pris l’Ouest.

Tu m’as pris ce qui était devant moi, et ce qui était derrière moi.

Tu m’as pris la lune.

Tu m’as pris le soleil.

Et j’ai grand'peur, que tu ne m’aies pris DIEU ! »

"Vœux Rompus", poème gaélique de Lady Gregory - traduction de Marion Peter

 

 

L'histoire se passe à Dublin, le 6 janvier 1904, chez les deux demoiselles Morhan (Kate et Julia) et leur nièce Mary Jane. Pour l'Epiphanie, elles ont organisé le repas de réveillon auquel participe aussi leur neveu Gabriel Conroy (joué par Donald McCan) et son épouse Gretta (Anjelica Huston). Toute la famille se réunit autour d'une dinde et d'une profusion de whiskeys. On danse, on joue du piano, on chante, on lit des textes, on discute d'un peu tout en essayant d'éviter la politique. Entre l'alcoolique (Freddy), la militante indépendantiste, le ténor Bartell D'Arcy et le vieux snob, on essaie d'éviter l'étalement des fractures de la vie familiale. Au moment du départ, le ténor entonne une vieille complainte irlandaise, La fille d'Aughrim, qui évoque chez Gretta le souvenir d'un amour de jeunesse pour le jeune Michael Furey. Elle raconte à son mari cette histoire de jeunesse, qui la fait encore pleurer. Il comprend alors que les morts sont plus importants que les vivants. Le film se termine sur une tonalité nostalgique : "Oui, les journaux avaient raison, la neige était générale sur toute l'Irlande. Elle tombait sur chaque partie de la sombre plaine centrale, sur les collines sans arbres, tombait doucement sur le marais d'Allen et, plus loin vers l'ouest, doucement tombait sur les sombres vagues rebelles du Shannon. Elle tombait, aussi, en chaque point du cimetière solitaire perché sur la colline où Michael Furey était enterré. Elle s'amoncelait drue sur les croix et les pierres tombales tout de travers, sur les fers de lance du petit portail, sur les épines dépouillées. Son âme se pâmait lentement tandis qu'il entendait la neige tomber, évanescente, à travers tout l'univers, et, telle la descente de leur fin dernière, évanescente, tomber sur tous les vivants et les morts."

 


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INPI 07 3 547 007

 

Films
CinemaChrono

1987.HU.STO

ProMort

CG.LKJ

CineAutoThanato

CM.KJD

CinemaDecons

KG.LKD

ProjCinemonde

EH.LKJ

zm.Huston.1987

Rang = ZZDeadFilmHuston
Genre = MH - NP
                         
     
                     
                     
 

OrloDecons : Mourir Vivant