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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : En disant "Je suis mort" | CinéAnalyse : En disant "Je suis mort" |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 3 avril 2019 - |
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CinéAnalyse : en faisant vivre une mort "en direct" | Le lion est mort ce soir (Nobuhiro Suwa, 2018) - Au cinéma, l'impossible, c'est jouer sa propre mort |
CinéAnalyse : en faisant vivre une mort "en direct" |
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CinéAnalyse : Auto-thanatographies | CinéAnalyse : Auto-thanatographies |
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CinéAnalyse : en donnant corps à un pas - au - delà de l'être | CinéAnalyse : en donnant corps à un pas - au - delà de l'être |
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Orlolivre : comment ne pas se dire : "Je suis mort" ? | Orlolivre : comment ne pas se dire : "Je suis mort" ? |
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Dialogues : AVANT LE GÉNÉRIQUE : - Est-ce que c'est réel? demande Jean-Pierre Léaud à Anna, sa partenaire du film. Je ne pensais pas pouvoir te revoir. - Ce n'est pas un rêve répond Anna. - J'ai cru que la mort venait déjà me chercher. - Tu es bête. - J'ai un autre problème, c'est que je sais pas comment jouer la mort dit Jean-Pierre Léaud au réalisateur - Mais ça c'est pas dans ce plan, on le fera plus tard répond le réalisateur. - D'accord. - Vous inquiétez pas. - Bon." - J'ai un problème, j'ai un problème, je ne sais pas comment jouer la mort dit Jean-Pierre Léaud à la script. - La mort, ça se joue pas répond la script. APRÈS LE GÉNÉRIQUE : - J'ai un petit problème dit Jean-Pierre Léaud au réalisateur. - Oui répond le réalisateur. - Vous devez filmer la mort. - Oui, ben, moi j'le voyais comme un temps d'apaisement, une extinction, un endormissement, vous voyez, quelque chose de très doux. - Non. La mort, c'est la rencontre, et on se prépare à cette rencontre entre 70 et 80 ans. Ce sont les années essentielles de la vie d'un homme. Je ne cherche pas à faire l'éloge de la vieillesse, mais c'est comme ça, et je pense que la mort, ce qui est important, c'est pas de la vivre mais c'est de la voir arriver. J'espère qu'on ira dans ce sens-là. - Oui, on fera comme vous le sentez, mais, une douceur... - Non non non, je ne suis pas du tout d'accord avec cette idée de la mort. - A plus de 70 ans, c'est l'âge de déraison dit Jean aux enfants. C'est pourquoi je vois des fantômes. (...) Personnellement, je considère que le moment le plus important de la vie d'un homme se situe entre 70 et 80. - Pourquoi? - Parce que quelque chose se déglingue, on s'aperçoit qu'on n'est pas ... machin, et on s'attend à la rencontre. - Il faut passer toute la vie à marcher la main dans la main avec la mort, dit Jean à Juliette pendant leur promenade nocturne. - Oui, mais toi tu es acteur, tu peux mourir autant de fois que tu veux. Tu as en toi plein de morts et plein de vies. - Je ne peux pas jouer ma mort. - Mais pourquoi? - Charles, André, Alexandre, ils sont partis, et toi aussi Juliette tu es partie. Pourquoi tu as l'air triste? - De savoir qu'un jour tu me plaqueras de nouveau pour retourner à ta vie où tu l'avais laissée jadis. --- Dans la dernière scène du film, Jean-Pierre Léaud jouera sa mort comme lui demande le réalisateur, mais pas du tout comme il pensait la jouer, lui. Il joue la mort d'un autre, la mort désirée par un autre, pas la sienne. La sienne, c'est impossible. |
Le clin d'œil de Jean-Pierre Léaud à la mort.
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Dès le début, le paradoxe du récit d'Edgar Poe, La Vérité sur le cas de M. Valdemar, est réitéré. Je suis mort dit Valdemar, et son corps se décompose, comme s'il fallait souligner l'impossibilité de la phrase pour un être vivant. Soit je suis mort, et il est impossible que je dise cette phrase, soit je ne suis pas mort, et si je la dis, je suis un menteur. Dans le cas du film, soit je suis Jean-Pierre Léaud, et je meurs - mais alors on ne peut pas dire que je joue la mort, puisque je meurs réellement; soit je suis un acteur jouant Jean-Pierre Léaud qui meurt, mais alors, ce que je joue est autre chose que la mort, dont je ne sais rien. Le film commence et se termine par ce paradoxe; et entre les deux, c'est une histoire de deuil, de spectre et de cinéma, qui se raconte par une série impressionnante de mises en abyme : - Le réalisateur répéte la rencontre de Jean et d'Anne vue dans un précédent film, Dialogue sans fin, alors qu'il n'avait que 15 ans. C'est cette scène qui l'a orienté vers ce métier. Cette situation redouble celle du réalisateur actuel, Nobuhira Suwa, dont l'amour du cinéma est lié à la Nouvelle Vague française, à laquelle le nom de Jean-Pierre Léaud est attaché. - A cause de l'absence d'Anne, la scène de la mort, où joue Jean-Pierre Léaud, est reportée à plus tard. Le film prend place dans cet écart, ce décalage, ce temps perdu. Nous nous devons à la mort, dit Derrida. Le verdict est tombé, rien ne pourra l'empêcher, mais nous pouvons ignorer cette sentence, la laisser en suspens, le temps de faire, d'agir, d'œuvrer. C'est précisément ce qui arrive dans le film : avant la mort, une œuvre, un supplément qui vaut autant, sinon plus, que la vie même. Léaud a le temps de rencontrer le spectre de Juliette, tandis que les enfants ont l'opportunité de faire un film. - Léaud se souvient d'une vieille amie de jeunesse dans le quartier. Mais laquelle? Sans doute en a-t-il plusieurs. Au départ, c'est sur une certaine Marie (Isabelle Weingarten), une de ses partenaires (Gilberte) de La Maman et la putain, qu'il tombe. Mais il a dû se tromper, ce n'est pas celle-là (déjà, dans le film d'Eustache, ce n'était pas celle-là). C'est Juliette qu'il veut (re)voir, son véritable amour. Le film de Jean Eustache, où il hésitait entre plusieurs filles, a été tourné entre le 21 mai et le 11 juillet 1972, et sur la tombe de Juliette, dans le film Le lion est mort ce soir, on trouve la même date (1972). L'hésitation d'aujourd'hui raconte et réitère l'hésitation d'antan. - Jean conseille aux enfants d'écrire un scénario pour leur film. Ils inventent une histoire de fantômes dans laquelle ils font jouer Jean et une petite fille déguisée en femme, Juliette. Dans ce film dans le film, un film d'horreur, il y a une histoire dans l'histoire, celle que Jean est venu revivre dans la maison abandonnée. Par ces enfants auxquels il transmet son expérience, il s'entend raconter l'histoire qu'il n'aura pas pu oublier. - Jules, l'un des enfants, a perdu son père dans un accident quelques années plus tôt. Avec une petite copine, il forme une sorte de duo qui vient chercher Jean. Jean avoue à Jules qu'il a vu Juliette bien qu'elle soit morte. Jules le croit. Peut-il lui-même revoir son père? Jean ne répond pas tout de suite mais entonnera, après avoir vu le film des enfants, Le lion est mort ce soir. Qui est mort? Qui est le lion? La chanson opère comme une interprétation qui invoque le père de Jules, sans le nommer et sans que Jean ne se substitue à lui. Ces deux personnes éloignées par l'âge vivent la même expérience : Juliette, le lion, des objets transitionnels qui leur permettent de franchir une étape. - Juliette ne revient pas seulement comme spectre, dans l'imagination ou la mémoire de Jean, elle revient dans le film des enfants, figure générique du cinéma à venir. C'est comme si la génération suivante devait réitérer autrement le même film. Les vieux couples que la vie aura séparés ne disparaissent jamais complètement. - Dans la toute dernière scène finale, Jean ne joue pas "le rôle" de sa propre mort, il fait semblant de le jouer. Le jouer vraiment serait trop dangereux pour lui, cela avancerait la rencontre qui est devenue le principal motif de sa vie. --- Conclusion : la thématique du Je suis mort se traduit par des effets en chaîne qui généralisent la structure aporétique. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 2018.SU.WAS ProMortCC.LDF JeSuisMortDeviseED.LED CineAutoThanatoEG.LEF PasDelaEparEH.LDF ProjCinemondeFJ.LLK zm.Suwa.2018 Rang = YZFilmSuwaLionGenre = MH - NP |
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