L'art dit "relationnel" s'en prend à la conscience du spectateur. Il ne montre plus des objets, mais des "rapports au monde" : meetings, rencontres, manifestations, interventions dans des quartiers populaires, jeux ou fêtes. On exhibe dans l'espace public ce qu'on ne montre habituellement pas : un camping-car, une bouilloire, une douche ou un repas.

Pour que cet art soit efficace, il faut qu'il soit exemplaire d'une sortie hors de lui-même. Mais il rappelle les mosaïques, les tapisseries ou les statues géantes qui glorifiaient autrefois les grands de ce monde. Il doit rendre compte de ses actions par des vidéos ou des photographiques. Cet art qui veut s'ouvrir à la vie est représentatif, mimétique et monumental - traditionnel dans son dispositif sensible.

Pour prouver qu'il subvertit certains liens sociaux (le marché, la domination économique ou les médias), il doit jouer des moyens disponibles : la démonstration rhétorique, l'occupation de l'espace, la performance vivante. Il finit par se parodier lui-même pour trouver une place dans les musées. Il se présente comme stratège, virtuose immédiatement politique, et efface la distance qui fait la singularité de l'art.

Ici ce sont 1600 photographies d'identité - que l'artiste avait prises lui-même quand il était employé dans un studio - cousues ensemble, couchées sur un lit d'hopital, regroupées en une sorte de linceul qui veut évoquer le lien - l'absence de lien - entre familles ou entre communautés.