La photographie atteste d'une présence passée. Elle amène une certitude qui ne repose ni sur un souvenir, ni sur une invention : ceci, que je vois, a été là. Ce réel est aussi sûr que le présent. Selon Roland Barthes, son émergence est une coupure qui, plus que le cinéma, partage l'histoire du monde. De nombreux sociologues ou sémiologues insistent sur sa relativité. Ce ne serait que de l'artifice, une représentation soumise aux règles de la perspective, une inscription bidimensionnelle d'un objet à trois dimensions. Mais même si la photographie est un artefact, une fabrication, même si elle peut être lue comme une analogie, c'est aussi "une émanation du réel passé". Jacques Derrida, dans Echographies de la télévision (1996), commente ce passage en insistant sur le mot émanation. De quoi la photographie est-elle l'émanation? Pas d'une chose mais d'un monde : le regard d'un autre qui apparaît et produit un effet de réel. C'est un point singulier, irréductible.

Même si des codes viennent en infléchir la lecture, la photographie est aussi une empreinte, une image sans code). L'important, c'es sa force constative. Il y a eu cela, qui est du passé. Elle authentifie le temps, ce qui prime son pouvoir de représentation.

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Photo prise en France en 1865 : Le battage du blé à la vapeur.