Bizarrement, ce tableau est devenu l'un des plus connus de Gustave Courbet. Peut-être un jour atteindra-t-il la célébrité de Mona Lisa, dont le sourire est à peu près aussi énigmatique. Largement plagié, par son titre ou par son contenu, icône des temps modernes, il a pris la place laissée vide par la délégitimation du phallus.

Origine de la voix, origine du silence, tout est là : La voix est silence, le silence est voix et la vulve est muette. C'est l'origine du sansVoix. Il trace tout le devenir de l'art : la peinture deviendra abstraite ou concrète, sans figure ni représentation (comme si l'art moderne s'était dit : plutôt que de représenter ça, mieux vaut ne rien représenter).

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Cette vulve nous regarde avec impudeur et insistance, de manière aussi provocante que l'Olympia de Manet. Elle n'est ni érotique, ni attirante. Les jambes qui se prolongent au-delà du tableau (comme celles de L'Homme blessé achevé en 1854), nous enserrent et ne nous laissent aucune échappatoire. Nous n'avons envie ni de la posséder, ni de la caresser, mais son extrême proximité nous attire dans son espace; ce rien à découvrir derrière la toison, ce vide est une sorte de plein.