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Accusations paradoxales de la haine anti - juive                     Accusations paradoxales de la haine anti - juive
Sources (*) :              
Delphine Horvilleur - "Réflexions sur la question antisémite", Ed : Grasset, 2019, pp123-4

 

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Au Sinaï, les Hébreux n'ont peut-être entendu que la première lettre de la révélation, Aleph, ou peut-être encore moins, un silence, le son inarticulé de la voix

   
   
   
                 
                       

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Quelle est la Révélation reçue par les Hébreux sur le mont Sinaï? Le texte n'en dit rien, il se limite à une phrase sibylinne : « Tout le peuple voit les voix, les torches, la voix du shophar, la montagne fumante. Le peuple voit. Ils se meuvent et se tiennent au loin. » (Exode 20, 18, traduction Chouraqui). Ils ont vu, mais qu'ont-ils entendu exactement? Sur ce sujet, les opinions des Sages de la tradition juive sont très divergentes.

A. Il y a les maximalistes :

- La loi écrite telle que nous la connaissons (la Torah);

- Toute la loi, y compris la loi orale, car c'est elle qui fait des Hébreux le peuple de l'interprétation. "Le commentaire aurait fait son apparition simultanément avec le texte (et certains disent même avant lui)" (p121);

- Les Dix Commandements. C'est l'énoncé d'une éthique.

B. Il y a les minimalistes (qui s'appuient sur un passage de Gershom Scholem dans La Kabbale et sa symbolique, passage inspiré notamment par Rabbi Mendel de Rymanow) :

- les deux premiers commandements (les seuls où Dieu dit "je");

- seulement le premier commandement : "Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage" - qui d'ailleurs n'est pas vraiment un commandement, mais l'énoncé d'une libération.

- un seul mot ? Ce serait alors "Anokhi", Je suis. Le secret, ce serait le simple énoncé d'une existence dont le peuple se fait le témoin.

- une seule lettre ? Ce serait alors la première, Aleph, la lettre muette, celle qui ne se prononce pas ou qui représente le premier mouvement du larynx dans la prononciation, celui dont provient chaque son articulé. Ce qu'ils auraient entendu alors, ce serait le son inarticulé de la voix.

- ou rien du tout ? Le peuple aurait été réuni pour entendre le silence, "le plus grand silence de tous les temps, celui qui résonne à travers le monde" (p123).

 

 

Delphine Horvilleur privilégie l'avant-dernière de ces assertions. "Ainsi énoncée, la Révélation au mont Sinaï ne fut pas un son, ni un silence, mais la possibilité d'un son, la parole encore inarticulée. La Révélation ne fut pas une voix mais la possibilité d'une voix, le mouvement du larynx, c'est-à-dire la mise en route d'une possibilité de dire. Au mont Sinaï, les Hébreux furent témoins d'un pouvoir-dire, qui n'est pas la simple autonomie du langage que les Grecs nomment Logos, mais une articulation subtile entre une Loi révélée (c'est-à-dire une hétéronomie) et l'autonomie de son interprétation, un équilibre entre légalité et liberté".

 


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