Ce que la tradition désigne comme l'"âme" est un système de résonance audiovocale qui s'est ajusté pendant la période prénatale. Entre l'écoute de l'enfant et la salutation de la mère se développent les débuts de la subjectivité. Si l'enfant est bienvenu, une correspondance s'établit. L'enfant est invité à commencer sa propre existence. La mère s'engage à se réjouir de ce qui va venir. Dans l'utérus, le foetus reçoit un baptême acoustique. Il apprend à distinguer les bruits des sons qui ne lui sont pas indifférents. Dans cette salutation la plus intime, il apprend à être lui-même.

La mère et l'enfant sont imbriqués, mais leur relation n'est pas narcissique. Tous deux sont toujours-déjà hors-de-soi-chez-soi. Ils sont presqu'infiniment livrés l'un à l'autre dans un plasma sonore commun.

Les gens viennent au monde par l'écoute de l'autre voix, sans laquelle ils ne peuvent pas avoir quelque chose à jouer. Pour l'être humain, l'existence est un séjour dans une serre sonosphérique. Les humains ne peuvent recevoir les signes du langage et l'écriture que dans cette cloche acoustique.