Selon le Zohar, la faute d'Eve est d'avoir séparé l'arbre de son fruit, ce qui signifie : avoir séparé la voix de la parole. La force de la parole (qui est le fruit) vient de l'arbre (qui est la voix). Le fruit ne peut pas être fécond s'il ne reçoit pas de l'arbre sa force. Dans un monde où souvent les voix sont sans parole et les paroles sans voix, nous devons y réfléchir.

Citation complète : "De la femme... il n'est pas écrit : Elle prit de l'arbre, mais : Elle prit de son fruit. Ainsi sépara-t-elle la vie de la mort. Sa faute fut à l'origine de la séparation qui écarte l'époux de l'épouse; en effet, la voix n'est pas séparable de la parole, et celui qui écarte la voix de la parole devient muet et ne peut plus parler. Et comme la parole lui est enlevée, il est rendu à la poussière. Je suis resté dans le silence (Ps 39.3). Tel est le cri de la communauté d'Israël en exil, car la voix conduit la parole, mais pendant l'exil la voix s'en sépare, et plus aucun mot ne peut être entendu".

Cette citation, qu'on trouve aussi dans le Zohar traduit par Charles Mopsik (Editions Verdier tome 1 p200), semble faire référence au golem : il possède la voix mais pas la parole. Il est donc fondamentalement silencieux, et son destin est de retomber dans la poussière.

La faute d'Eve est de séparer l'arbre de son fruit. Elle empêche la fécondité de l'arbre. Pour le Zohar, une voix sans parole n'a pas de fécondité.