D'un côté, le retrait du papier apporte des avantages économiques : gain de temps et d'espace, simplification et accélération des procédures, circulation des images et des idées à travers les frontières, démocratisation. Mais d'un autre côté, la facilité du partage produit des effets catastrophiques : dérégulations des signes, hégémonies et appropriations par des entités invisibles, homogénéisation, abstraction accrue. De nouveaux pouvoirs (policiers, financiers, numériques) apparaissent qui ne tiennent aucun compte des frontières et menacent la liberté. Tout doit devenir sensible, visible, audible, exposé au-dehors. Ce ne sont pas simplement des frontières locales qui sont touchées (entre nations, entre public et privé, entre citoyenneté et for intérieur, entre la terre et l'extra-terrestre, entre le monde et l'univers), c'est la frontière en tant que telle.

Il ne s'agit donc pas seulement d'une crise de la forme livre ou de l'usage du papier. Il s'agit d'autre chose, d'une nouvelle interprétation du concept d'histoire.