Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 
   
Le prophète Élie, vers un fin silence                     Le prophète Élie, vers un fin silence
Sources (*) : Personnages bibliques               Personnages bibliques
Guideon Berto - "La Bague ouverte", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 25 novembre 2020

[Dieu ne se manifeste à Elie que dans un fin silence, pour qu'il détourne sa rigueur vers l'engagement social, politique, éthique]

   
   
   
                 
                       

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Il y a deux composantes dans le nom hébreu, Eliyahou (אֵלִיָּהו), du prophète Élie : Eli, qui signifie mon Dieu, et Yahou, qui contient les lettres du tétragramme et aussi celles de différentes formes du verbe être en hébreu. On peut traduire ce nom par Mon nom est Yhvh. Il n'y a pour lui qu'un Dieu, le vrai, l'unique. On trouve aussi dans son nom :

- les deux lettres du mot "el" (אל), une préposition qui signifie vers, près de, mais peut aussi, comme nom ou adjectif, contenir l'idée de force, pouvoir, puissance,

- les mêmes deux lettres peuvent aussi se lire "al", qui est une particule négative qui peut porter un pouvoir d'interdiction ou de persuasion,

- et ces lettres sont aussi les premières du mot "oulaï" (אולי), qui signifie "peut-être".

On retrouve dans ce champ sémantique les particularités d'Élie, prophète rigoureux, parfois brutal, obstiné, jusqu'à ce que Dieu le conduise à changer d'orientation.

Élie vit vers 875 avant J-C dans le royaume de Nord à l'époque du roi A'hav, dit Achab, époux d'une princesse phénicienne nommée Jézébel, qui a introduit dans le royaume le culte de Baal. Il y a cinq moments dans le récit de sa vie :

1 (Rois I, 17). Il reproche au roi sa trahison du Dieu d'Israël et la reconstruction de la ville de Jéricho, interdite par Josué 500 ans auparavant et décrète que, désormais, il n'y aurait ni pluie, ni rosée. Sa parole est suivie d'effet et le pays est frappé par la famine. Pour le protéger de la vengeance du roi, Dieu lui ordonne de se cacher près du torrent de Kérit. En ce lieu, il sera nourri, chaque jour, par des corbeaux. Le corbeau est réputé égoïste et cruel, mais dans ce cas il est généreux, capable de bonté (contrairement à Élie). Kérit évoque l'idée de retrait, de destruction, d'anéantissement : à cause de lui le peuple se meurt.

2. Élie est assoiffé. Dieu lui ordonne d'aller à Sarepta [Tsarfat, nom qui est aussi utilisé pour nommer la France]. Il y rencontre une veuve, victime de la famine qu'il a déclenchée, à laquelle il demande à boire et à manger. Elle accepte de partager avec lui son dernier repas. Miracle : l'huile et la farine se reconstituent au fur et à mesure qu'on s'en sert. Puis le fils de la veuve - qui n'est autre que le prophète Jonas - décède. Second miracle : il s'étend sur l'enfant et lui rend la vie. C'est l'empathie ressentie par Élie pour cette veuve qui a permis ce miracle. Dieu prend acte de cette pitié, et lui ordonne d'annoncer à Achab qu'il va rétablir la pluie [le pouvoir de Dieu se manifeste comme la pluie, du haut vers le bas].

3 (Rois I, 18). Sur la route qui conduit à Achab, Élie rencontre le prophète Ovadia, qui est un converti descendant d'Esaü. Il se conduit durement vis-à-vis de cet homme méritant, qui cache une centaine de prophètes dans sa maison. Puis il prend l'initiative d'organiser une confrontation avec les prêtres de Baal. Miracle supplémentaire : c'est son offrande qui s'enflamme, bien qu'il l'ait mouillée. Toujours persuadé d'être dans le vrai, Élie fait égorger les prêtres de Baal. Après cette épreuve et trois ans d'interruption, la pluie revient.

4 (Rois I, 19). Mais Jezébel veut venger les adorateurs de Baal. Élie se retrouve dans la même situation et doit fuir encore dans le désert. Il veut mourir, s'asseoit sous un genêt, implore Dieu et finit par s'endormir. Cette fuite est le commencement de sa transformation. Les miracles n'ont servi à rien. Il s'exclame : "Je ne suis pas meilleur que mes pères!". Un ange le tire de son sommeil et lui demande de manger car une longue marche l'attend : 40 jours (40, le chiffre de la renaissance, du renouveau) jusqu'au mont 'Horeb, autre nom du Sinaï. Il faut tout reprendre à zéro, au lieu du don de la Torah. Il va dormir dans une caverne. Et voici que la voix divine s'adresse à lui, disant : Que fais-tu là, Elie ? Ce n'est pas Dieu qui s'adresse directement à Elie, comme pour Abraham, Caïn, Moïse, c'est une voix (bat qol, déjà ?). Elle lui ordonne de sortir, mais il ne sort pas tout de suite. Il faut d'abord que se produise le moment unique de la voix de fin silence, encadrée par la réitération de ses certitudes et de ses craintes.

5. On saute quelques épisodes qui concernent Elysée, et voici que le texte déclare que, sans même mourir, Elie part au ciel : Quand l'Eternel fit monter Elie au ciel dans un tourbillon, Elie et Elisée quittaient Guilgal (Rois II, 2:1). C'est bref, inexpliqué, et réitéré une deuxième fois : Ils poursuivaient leur chemin en conversant, quand tout à coup un char de feu, attelé de chevaux de feu, les sépara l'un de l'autre, et Elie monta au ciel dans un tourbillon (Rois II, 2:11). Quel rapport y a-t-il entre ce dénouement et les autres événements de la vie d'Elie ? On n'a pas fini de s'interroger.

C'est à Guilgal qu'Elie est parti vers le ciel, et la tradition mystique fait de lui la réincarnation (guilgoul) de Pin'has, qui défendait lui aussi l'alliance avec brutalité. Son âme serait ensuite revenue aux temps talmudiques sous le nom de 'Honi, qui prend le contre-pied du premier Elie en privilégiant le pardon. Le mot guilgoul signifie aussi : rotation, révolution, métamorphose, transformation, mutation - tout ce qui affecte Elie.

6. Ce qui est fait ensuite de l'histoire d'Elie concerne les interprètes et les successeurs.

- Elie accuse ses contemporains d'avoir abandonné l'alliance (brit), un terme qui désigne aussi la circoncision, signe d'appartenance au peuple juif. Désormais, dit-on, aucune circoncision n'aura lieu sans qu'il soit présent. Une chaise lui est réservée dans les synagogues, soit vide, soit réserveur au porteur du bébé.

- Elie accusait ses contemporains d'avoir abandonné le shabbat. Pour réparer cela, il fait chaque samedi la liste de ceux qui le respectent.

- Elie est de tous les temps, de toutes les époques. Il a été impatient, et il devient le témoin de la patience. Il va à la rencontre de ceux qui ressemblent à ce qu'il était autrefois pour les faire venir sur un autre chemin.

- La tradition voit en lui l'annonciateur du Messie, chargé de "ramener le coeur des pères à leurs enfants et le coeur des enfants à leurs pères (Ml 3,23).

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Propositions

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Le pardon est à la fois impossible et essence du possible, pouvoir absolu, puissance au-delà de la puissance, verticalité du haut vers le bas

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La "voix de fin silence" entendue par Elie dans la grotte est si bouleversante qu'il aura fallu l'encadrer par la même question et la même réponse

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Une "voix de fin silence" vient au prophète Elie. Puis (une autre voix) : "Qu'as-tu à faire, toi, ici? - Va"; ce silence vient à nous depuis l'abîme entre éthique et politique

 


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