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Derrida, le pardon                     Derrida, le pardon
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Séminaire 1997-98 "Le parjure et le pardon" Volume 1", Ed : Seuil, 1997, p86

 

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Il y a entre la prière, la bénédiction et le pardon une affinité essentielle : il s'agit de s'élever au-dessus du droit, du pouvoir humain

   
   
   
               
                       

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La prière n'est pas subordonnée au droit des hommes. C'est une invocation qui s'élève au-dessus de ce droit. Jacques Derrida compare cette invocation à la bénédiction qui, elle aussi, "s'élève au dessus du droit ou de ce qui, dans la justice, n'est que droit". Ce sont ses termes, confirmés un peu plus loin lors qu'il dira : "La prière et le pardon ont la même provenance et la même essence, la même hauteur plus haute que la hauteur, la hauteur du Très-Haut". Commentant le discours de Portia, dans Le marchand de Venise, il fait observer qu'un pardon gratuit, gracieux, est "un pouvoir au-dessus du pouvoir, une souveraineté au-dessus de la souveraineté", une puissance transcendante, la transcendance même, qu'il compare aussi au droit de grâce, privilège du prince, du monarque ou de Dieu, ces puissances surhumaines, qui engagent au-dessus, plus haut que l'homme. Shylock affirme qu'en signant un contrat avec Antonio, il a fait un serment qui le lie au-delà des humains - un lien comparable à celui qu'instaure la prière, la bénédiction, le pardon. Ce lien dissymétrique entre le bas et le haut n'est pas de l'ordre du contrat, mais de l'alliance. Entre l'un et l'autre, il n'y a pas de mesure commune. La hauteur ici n'est pas une différence de quantité, mais une différence de supplémentarité (majestas, grandeur).

Un an plus tard, en novembre 1998, Derrida reprend cette séance de séminaire dans un texte qu'il intitule Qu'est-ce qu'une traduction "relevante"? Il ajoute alors cette phrase : "Ce qui est en somme un discours sur la traduction (possible : impossible) est aussi un discours de prière sur la prière". Se référant à des valeurs supérieures, Portia prie le Juif de pardonner Antonio; elle lui explique ce qu'est le pardon, ajoutant une méta-prière à la prière. Mais Shylock n'est pas sensible à cette "exhortation exorbitante", il ressent ce discours de "transcendance sublime de la grâce" comme un piège, une ruse. C'est seulement, selon lui, un moyen de le dépouiller. La proclamation de souveraineté absolue est un calcul, une stratégie pour lui confisquer ses biens. On n'aura mimé le pardon absolu que pour en revenir au calcul économique.

Le Doge, au moment où il menace Shylock de lui retirer son pardon (Le marchand de Venise de Shakespeare, mise en scène de Jack Gold, 1980).

 

 

Mais cette élévation, dans la pièce de Shakespeare, n'est qu'une ruse. Le but est de châtier le Juif, de mimer le pardon absolu pour le dépouiller, lui faire tout perdre, son argent et même sa religion. Le pardon apparaît alors pour ce qu'il est : un acte souverain qui s'inscrit dans un système de rachat, de repentir et d'expiation. Comme souvent, derrière le pardon gracieux qui se prétend incalculable, il y a une autre économie, intersubjective, psychique ou autre, qui impose un autre ordre de calcul (se débarrasser du Juif en récupérant sa fortune). Au-dessus de la loi, c'est aussi un pouvoir souverain qui s'exerce. Au-delà du souverain, c'est quand même un souverain.

 


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